L'Iran se prépare à vivre une situation délicate dans la gestion de ses ressources financières tirées en majorité de ses exportations pétrolières. Des informations de presse ont fait état d'un changement dans la gestion de ses recettes d'exportations qui proviennent du pétrole exporté. Les autorités iraniennes auraient chargé la banque centrale de la gestion des dépôts à la place de la compagnie nationale pétrolière. Selon une directive du gouvernement iranien, la compagnie nationale pétrolière doit déposer l'intégralité des recettes des exportations de pétrole brut sur des comptes que la banque centrale iranienne aura choisis. Cette centralisation procède du souci des autorités iraniennes d'éviter les conséquences de gel des avoirs qui pourraient résulter de sanctions prises par les principales puissances occidentales. Les recettes des exportations de pétrole brut pourraient rapporter à l'Iran environ 90 milliards de dollars cette année (mars 2008 -mars 2009). Plusieurs institutions financières européennes auraient déjà cessé leurs opérations avec les banques iraniennes. Les pays membres de l'Union européenne avaient fait savoir à la fin du mois de mai dernier qu'ils étaient prêts à approuver des sanctions contre la grande banque commerciale iranienne Melli Bank, en interdisant à ses bureaux européens de Hambourg, Paris et Londres de fonctionner. Ainsi le choix de l'Iran d'abandonner le dollar pour l'euro pour ses ventes de pétrole pourrait-il s'avérer vain si les Etats-Unis arrivent à convaincre les européens à durcir encore plus les sanctions. Les américains poussent aussi les pays européens à prendre des sanctions à propos du pétrole et de l'essence. Si l'Iran exporte du pétrole et dépend à 80% de ses recettes pétrolières, il importe de l'essence en grande quantité pour environ 5 milliards de dollars par an. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait durci le 3 mars dernier ses sanctions contre l'Iran. Dans une résolution adoptée par 14 voix pour, une abstention, le Conseil a alourdi le régime de sanctions économiques et commerciales qu'il avait mis en place à l'égard de l'Iran dans deux résolutions précédentes en décembre 2006 et en mars 2007. La nouvelle résolution de mars 2008 élargit la liste des individus et entités liés aux programmes nucléaire et balistique iraniens, frappés d'un gel de leurs avoirs à l'étranger et, pour certains, d'une interdiction de voyager. Elle interdit la fourniture à l'Iran de biens sensibles à double usage (civil et militaire). Elle exhorte les Etats à la vigilance dans les transactions avec les banques iraniennes, notamment les banques Melli et Saderat. La banque commerciale iranienne Melli est la première institution financière du pays. Elle compte plus de 3100 succursales, dont seize à l'étranger. Au mois de juin dernier, l'Iran aurait retiré des banques européennes un montant considérable de ses réserves de devises et a transféré une partie de ses avoirs vers des banques asiatiques. L'information a ensuite été démentie. Elle a, par ailleurs, diminué ses réserves en devises en optant pour des actifs comme l'or ou les actions. Les pressions exercées par Israël qui a brandi la menace d'une frappe militaire sur les installations nucléaires en Iran ont fini par remettre sur le tapis le durcissement des sanctions financières et économiques. Ainsi et pour éviter un conflit armé aux conséquences incontrôlables dans la région qui résulterait d'une attaque par l'aviation israélienne, les pays occidentaux auraient choisi d'isoler l'Iran sur le terrain de l'économie et de la finance. La dépendance de l'Iran par rapport à ses recettes d'exportations de pétrole pourrait lui créer de sérieux problèmes. Et les pays occidentaux jouent sur ce terrain pour provoquer des changements politiques internes.