Le public n'était pas aussi nombreux que d'habitude à l'avant-dernière soirée du Festival du raï, vendredi. Pourtant le chanteur de raï « made in France », cheb Faudel, était à l'honneur. Celui qu'on a baptisé le Petit Prince du raï, il y'a quelques années, a entamé son tour de chant avec son titre à succès Tellement je t'aime, avant de reprendre à son compte El bayda, mon amour du défunt Hasni. Après un début tiède, Faudel se résoudra à interpréter des airs célèbres empruntés à Cheb Khaled, entre autres, Aïcha et Abelkader ya Boualem. Avec un répertoire intégralement emprunté, dont Ya Rayah de Dhamane El Harrachi, Faudel a eu toutes les peines du monde à emballer le public. Un public qui a, par contre, réservé un accueil chaleureux à Cheikh Mazouzi dont le répertoire original tient toujours le haut du pavé. Galbi tfakar tawtan (Mon cœur s'est rappelé du pays) et Darou Shou darou (Ils m'ont ensorcelé), interprétés par un Mazouzi des grands jours, ont séduit de part leur contenu textuel authentique. Musicien talentueux et l'un des pionniers du raï, Mourad Gana, plus connu sous le nom de Gana El Maghnaoui, était tout ému de retrouver son public après de longues années d'éclipse. En interprétant Sahbi oulali oudia, Darhalek rayek -chanson écrite par Nâam-, Gana Maghnaoui a retrempé le public dans l'ambiance qui était celle des années1980, aux premiers balbutiements d'un genre musical qu'il dit,aujourd'hui, ne plus reconnaître. « Le rai n'est plus ce qu'il était. N'importe qui fait n'importe quoi, il faut cesser le massacre au risque d'altérer irrémédiablement un genre musical riche et authentique »,avouera-t-il après son concert. Le groupe « Raïna Hak » clôturera la cinquième soirée du festival du raï en dévoilant les derniers titres de son dernier album intitulé Nichane. Créé depuis seulement quatre années,le groupe que dirige Hachemi Djellouli, un percussionniste de talent, ancien membre du groupe « Raïna Raï », est un pur produit du terreau fertile de la créativité musicale dont jouit la région de Sidi Bel Abbès. Il fera étalage jusqu'à 1 h 30 de ses plus beaux morcaux, tels que Raïna Hak, Raïkoum hak et l'indémodable Oued chouly. « Raïna Hak se veut être, toutd'abord, le premier jalon d'une école dont la mission essentielle est de valoriser le patrimoine musical du terroir en le protégeant contre toute forme d'altération » dira en coulisse le manager du groupe, Toufik.