Kawter et Saber, ainsi que le groupe de clandestins, attendent toujours leur destin au Saphir bleu. Tout s'est bien passé, à part une petite dispute idéologique quand l'un des deux blidéens a demandé le prix des filles au Saphir bleu. Entre deux coulées de raï trop sucré et des boissons amères, les tournées se sont succédées ainsi jusqu'à 5h, au moment où Mohand arrive, leur donnant le dernier flash d'informations : une brigade de gardes-côtes s'est installée ici, sur ordre de Ouyahia, paraît-il. Il a décidé que tous les Algériens devaient vivre avec lui. Et alors ? demande Kawter, inquiète. Vous allez être obligés de longer la côte jusqu'à Aokas et filer vers le Nord. Nous ? répète Amel aux prises avec Majid qui lui parle carrément dans la poitrine. Mohand sort son enveloppe étanche et leur rend l'argent du voyage. C'est Amirouche qui va s'occuper de vous. Vous lui donnerez l'argent. Pourquoi vous nous lâchez ? s'emporte Kawter, les yeux rougis par la Tango rouge. Je n'ai pas le droit de travailler sur cette ligne. C'est ainsi que le groupe, ivre moins deux, s'est retrouvé sur la plage, l'aube naissante, laissant Majid entonner un chant patriotique en hommage à Poséidon. Je vous présente Amirouche, fait Mohand au groupe, qui découvre le nouveau capitaine. Grand, mince et sec, il n'a pas le temps. Il montre la barque posée sur le sable : En voiture, Aokas ! Aokas ! Reste une place ! Mohand explique à voix basse : Avant, il avait une ligne de J5 Souk El Tenine-Béjaïa, c'est pour ça qu'il parle comme ça. Il sait nager ? demande Amel, très incertaine. Bien sûr, rassure Mohand, c'est un véritable chien de mer. La barque est rapidement chargée et démarre lentement, caressant l'eau. Passe le cap Aokas et accoste près d'une plage de campeurs en famille. Gendarmerie nationale ! Les mains en l'air ! … A suivre