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Vision politique du monde : Entre évolution et échec !
Publié dans El Watan le 23 - 08 - 2008

La politique américaine menée sous la direction de W. Bush que ce soit aux Etats-Unis (sécurité, crise économique et émigration) ou à l'étranger, notamment en Irak, coûte cher avec une perte (5 000 dollars par seconde, laissant plus de 40 000 soldats américains et un million d'Irakiens tués) qui n'a pas trouvé l'équilibre en ce qui concerne les relations internationales.
Celles-ci passent par des moments aussi cruciaux que jamais en l'absence de l'équilibre planétaire du point de vue stratégique, militaire et idéologique. En effet, le monde a changé et change de façon permanente mais sans règle morale, juridique et politique claire. Or, la seule règle existante est celle de l'économie. Le monde est-il entre les mains des managers. Les rapports de force sont régis plutôt par l'investissement, l'épargne et la consommation. Le marketing, la publicité et la consommation ont changé du mode procédural sous le nom de l'économie nouvelle. Elle est basée sur l'internet, le téléphone portable et les chaînes numériques. La mainmise est de plus en plus forte sur l'information et sa communication quotidienne. Plus on investit, plus on monopolise le marché. Celui-ci exige une régulation adaptée aux lois de la concurrence. Le cas d'ailleurs des subprimes aux Etats-Unis, qui ont ruiné plusieurs familles après avoir souscrit des crédits auprès des banques, en est la preuve. Quant au politique, il se trouve absent, d'où la question du pouvoir qui semble dominé par l'argent. L'argent seul gère les relations entre l'administration et le citoyen pour concrétiser les discours politiques en opérations réelles, suite à l'afflux de la demande. Que l'homo œconomicus ait le courage d'harmoniser ses intérêts calculateurs avec ceux des autres. Le lien est d'ordre économique, voire entre l'investissement et l'intérêt que le néolibéralisme a réalisé et réalise encore des intérêts colossaux après avoir contribué à l'effondrement de l'idéologie communiste.
La bataille idéologique aurait détourné l'homme vers l'intérêt personnel. La société s'individualise plus qu'elle ne se regroupe, suite à la domination des techniques et des technologies. L'homme se sert plus qu'il ne serve autrui. Le téléphone portable, par exemple, devient un outil plus individuel que collectif, alors il est considéré comme étant un outil de grande nécessité du point de vue communication, mais aussi un moyen octroyé pour s'isoler plus que de s'ouvrir sur les autres, malgré l'utilité que cela porte. Les usagers recourent souvent aux jeux et aux films, etc., que contient l'usage du téléphone portable de dernière génération, contrairement au fixe qui sert plus à la communication entre les personnes. C'est ainsi que l'autre visage caché qui compte plus mais aussi qui rapporte plus, que ce soit le téléphone portable, cité comme exemple, ou un autre portant la réalité des choses. Le monde développé est-il englouti par ce qu'il avance aux autres à travers lui en s'emparant des techniques et des technocraties les plus développées au monde contre lesquelles celui-ci pose de sérieux défis à la planète entière ? L'évolution n'a fait que remodeler le pouvoir central en raison des enjeux stratégiques permettant de rapporter plus de bénéfices.
Est-ce l'univers de l'idée créée qui n'est plus à la mode ou la fin de l'idée qui est derrière la technicité des outils ? L'idée donnant l'idéal n'est plus à la mode. Un tournant décisif qui marque, en effet, une telle évolution. Mais rien n'est gagné à l'avance, car chaque période de l'histoire est liée à ses propres ingrédients. Avec la domination des marchés, le débat idéologique s'est rétrécit de manière à ce que les firmes, les compagnies privées et les multinationales ont leur mot à dire. Une présence faite autour de conception nouvelle ayant son sens portant le groupe à la fois créateur et bénéficiaire du produit qui est le sien. Le monopole se fait par le brevet des certificats pour gagner plus de marchés. Le néolibéralisme est en train de pénétrer les politiques économiques des Etats, des marchés et des sociétés publiques. Le terme de la gouvernance ou de la gouvernabilité a-t-il remplacé celui du gouvernement ? Les politologues les plus avérés sont divisés sur la question. La gouvernance est liée souvent au poids du marché, sinon une forme bien développée du gouvernement qui est lié à l'Etat. L'idée initiale des politiques publiques s'occupe du citoyen au sein de la cité que le pouvoir s'en charge pour effectuer sa mission. Elargir l'espace public, c'est contenir les contradictions sociales et renouveler les pouvoirs publics.
Il est certain de rappeler que le lien social est alors dominé par le droit afin d'assurer l'ordre politique que partage la communauté des citoyens. S'il y a continuité maîtrisée, c'est qu'il y a évolution objective et vice-versa. La rupture n'a jamais été admise dans la culture politique pour éviter les surprises douloureuses. C'est ainsi que l'intérêt général est visé pour qu'il soit un vecteur de l'ouverture du jeu politique et un facteur de l'emprise du droit. Non pas d'accabler les rapports avec l'Etat-nation qui s'avère, lui, en crise profonde, disent les juristes du droit public, mais de cultiver ce que la culture institutionnelle et savante est capable de fournir. Le rapport de l'homme avec l'histoire, la science et la technologie est-il en mutation profonde ? L'homme moderne se réfère à ce que l'héritage universel a créé et protégé pour qu'il en bénéficie davantage. Ce rapport demeure significatif dont l'homme en question a pu encadrer ses besoins et modifié ses directions. Cet homme, qui a eu tellement de charge sans qu'il sache là où il veut aller, est peut-être à la limite de la peur qu'il a causée et a fait naître un espoir illimité. Une question d'orientation et un calendrier de pédagogie que l'homme, malgré ce qu'il a pu mettre au monde, se retrouve enfin piégé non pas par ce qu'il a créé, mais tout ce qu'il a reçu et développé pour lui et contre les autres. Ce parallélisme de façade est le socle de l'action contradictoire entre le système de valeurs, de croyances et de bénéfices.
L'intérêt commun de la planète semble menacé. L'équilibre doit se faire dans les normes de l'art entre ce qu'on a reçu et ce dont on a besoin, si on veut éviter une déstabilisation généralisée de l'ordre public mondial. Le monde ne doit en aucun cas préparer son suicide latent, car il est responsable de ce qu'il a donné aux peuples sans les conditionner avec une idéologie toute faite entre l'intérêt immédiat et l'attente permanente. La menace est résiduelle sous peine de la peur d'une guerre en l'absence de la paix. Souvent, cette peur cultive l'achat des armes et met les militaires en berne. Cela nous renvoie sans doute à la conception de la mondialisation. Celle-ci est née suite à la domination unilatérale de la politique internationale par les Etats-Unis ou à l'absence mondiale d'un concurrent potentiel en mesure de ceux-ci ? Enfin, la mondialisation devient un phénomène planétaire encourageant plus le déplacement des personnes, des capitaux et des marchandises, voire de l'information.
Quant aux institutions financières internationales, telles que le FMI, l'OMC, elles sont moins aptes à régler les questions économiques communes de la planète. Elles sont d'ailleurs connues pour leur mode procédural en favorisant les politiques économiques des pays riches, plutôt que celles des pays pauvres. Le déséquilibre constaté n'est pas celui qui vient de la part des populations quand elles ont faim ou elles réclament plus de droit de liberté ou quand elles revendiquent un ajustement de l'ordre établi, mais aussi de la nature des politiques publiques poursuivies jusque-là, qui sont souvent mises en cause. En Europe, avec la baisse du pouvoir d'achat, le ménage des familles modestes est menacé des suites de la délocalisation des entreprises privées vers l'Europe de l'Est, le Maroc ou la Tunisie. Malgré le record de l'euro face au dollar, la cherté de la vie reste la lutte des syndicats et un terrain idéologique de la gauche et de l'extrême gauche contre le pouvoir de la droite. Malgré les revendications des contestations syndicales, les salaires ne bougent pas assez. L'arrivée de l'euro au contraire a limité le pouvoir d'achat et a créé l'angoisse des familles.
Dépasser les clivages
Comme l'euro a été créé pour rassembler les peuples d'Europe sous la bannière économique, les projets politique et constitutionnel demeurent absents. L'emprise de l'économique fait gérer le politique. C'est ainsi que le débat fait rage en Europe entre Bruxelles et les pouvoirs étatiques de la communauté européenne. Celle-ci a créé l'Union, mais en limitant l'Etat-nation par le pouvoir des territoires, voire les supprimer. C'est là que la gouvernance pose un modèle procédural de façon à ce que les pouvoirs nationaux soient alignés sur le pouvoir central de Bruxelles. A peine créée, l'Union européenne veut, à travers la monnaie, dépasser les clivages entre les régimes politiques, effacer la haine de la Seconde Guerre mondiale et rapprocher les peuples par la culture commune contre le géant américain et le dragon chinois. Le néolibéralisme pose de nouveaux défis aux classes sociales, en l'absence de périmètre idéologique assurant la stabilité politique, le débat idéologique et la sécurité du travail. La construction européenne est loin d'être achevée pour se lancer dans des débats communs et de conflits d'ordre mondial.
Par conséquent, la culture manichéenne est-elle responsable de la création de ce phénomène qui résume la fin d'une période et le début d'une autre ? On peut le croire de façon à ce que la technologie de pointe, la modernité des services et des biens et la limite de l'homme annoncent un retour aux valeurs religieuses, aux modèles extrémistes et aux vagues de déstabilisation de l'ordre public international. Il n'en demeure pas moins que chaque cycle d'évolution de l'histoire est le résultat récurrent de ce qu'on a mis en route. Chaque mouvement d'idées, de personnes et de techniques est le reflet de ce que la donne actuelle accouche comme défis et joie de vivre. Quant aux pays en développement ou sous-développés, ils vivent sous la menace de l'insuffisance de la nourriture. La faim dans des pays tels que Haïti, Somalie, Sénégal, Philippines, Egypte, Maroc… reste le résultat des politiques économiques menées depuis des décennies, dont la culture du blé, du riz et maraîchère n'a pas porté une telle avancée significative : source d'insécurité alimentaire et facteur d'instabilité. Sachant que dans ces pays dans lesquels sévit le chômage le plus élevé au monde, on incite souvent les jeunes, diplômés ou pas, à quitter leur pays pour rejoindre l'eldorado européen au péril de leur vie. Le monde est menacé entre la sécurité alimentaire et la division du travail. L'énergie fossile devient de plus en plus dépendante aux besoins modernes de l'homme.
La production technologique la plus élevée au monde pose des questions-clés sur l'avenir, dont l'économie compte réaliser comme projets. Il est certain que l'environnement, le développement durable et le réchauffement climatique posent tellement de tendances partisanes et de moyens de lutte divers et variés que le monde semble menacé par l'homme lui-même. Or, la flambée des prix du baril de pétrole atteignant les 140 dollars va compliquer sans doute les rapports de forces économiques, technologiques et industriels, voire politiques. Plus on produit, plus on consomme. Le prix de l'or noir ne cesse de croître. Loin de la spéculation des spéculateurs qu'une nouvelle ère vient de s'ouvrir pour conditionner les rapports de force entre compagnies pétrolières, Etats et populations pauvres. Les émeutes de la faim ont-elles un rapport avec la flambée des prix du pétrole ? Le conflit sur l'énergie est-il occulté entre les Etats-Unis et la Chine ? La Chine remplace-t-elle l'ex-URSS ? La survie de l'homme développé en énergie s'annonce à la légère. L'émergence de nouveaux pays a accéléré le rythme des rapports de manière à ce que l'équilibre soit moins sûr pour limiter les dégâts et trouver facilement les énergies renouvelables.
La règle politique internationale est-elle responsable de cette course d'ordre économique ? C'est un conflit qui se déclare du point de vue économique, industriel et énergétique. Un véritable tournant du néolibéralisme en changeant le comportement de l'homme et sa conception des choses à long terme. Tout le problème se résume dans la recherche scientifique sur l'homme et sa vision sur l'histoire et sur le monde. Ce sont les grands pays qui achètent et qui développent en industrie le pétrole et ce ne sont pas les pays producteurs. La machine ne s'arrête pas là. C'est une autre forme de domination économique qui se prépare autour de l'argent pour investir plus dans de nouveaux créneaux. La demande n'a jamais satisfait l'offre. L'économie nouvelle demeure un projet qui favorise plus le privé plutôt que le public. C'est là le nœud du problème central au cours duquel le débat est vif pour élaborer d'autres stratégies nouvelles de façon à ce que l'homme soit sécurisé. La consommation liée aux bénéfices qu'elle génère a bataillé du record en sommes colossales en citant le cas ArcelorMittal, qui a déclaré en 2006 un bénéfice net de 6,349 milliards d'euros.
Il n'y a rien de plus dangereux au monde que l'homme vive ses contradictions profondes sans qu'il sache là où il veut se diriger. C'est là l'impact du troisième millénaire de ce que l'homme a reçu des générations précédentes et ce qu'il est capable de proposer aux générations futures, face aux besoins immédiats et aux enjeux lointains autour d'une nouvelle philosophie. La nature est menacée par le fait que le développement durable est né. La pollution de l'espace par le CO2 est telle que le mouvement des Verts veut lutter sans cesse contre cet excès pour incarner cette voie nouvelle. La technologie, liée à la science moderne notamment technique, pose des questions clés sur l'avenir de la planète autour du réchauffement climatique plutôt que sur la post-modernité. De l'homme à la nature et du monde à l'idée que la planète semble perturbée par le déséquilibre que cela implique pour trouver une nouvelle équation face aux nouveaux défis. L'espace public tirant son sens de légitimité par le fait qu'il porte un intérêt général à partir de l'Etat, qui demeure lui trop chargé tant par des revendications que par des solutions à proposer. La science à force de se développer pose des périmètres très sérieux et des risques probables sur l'avenir de la recherche et du traitement. Le droit y est lié pour légiférer en statuant sur l'évolution des choses communes qui relèvent de ses prérogatives.
Aussi différentes soient-elles, les règles du jeu sont changées de manière à ce qu'elles laissent la place au scepticisme et au retour au mysticisme. Plus on lui demande d'y intervenir, le droit devient absent pour suivre, sinon moins compatible par rapport à ce que met la science à l'existence, alors on sait qu'il est impersonnel, unilatéral et universel… La norme juridique et le critère éthique, même si l'un complète l'autre, cela n'a pas réglé tous les questionnements qu'on pourrait poser en ce sens (le normal devient légal et le légal devient moral). L'inflation du droit exige des fictions pour régler ce que la science aurait créé, sinon on tenterait par-là de limiter l'esprit créatif : pollution, écologie, lois privées, lois revendicatives, fonction juridictionnelle… Plus de gouvernance, c'est moins de gouvernance. Le désordre pourrait prendre une dimension inquiétante. La complexité est le fruit des sous-systèmes que l'institutionalité n'est pas en mesure de produire une telle légitimité.
Chaque légitimité remplit un tel rôle à savoir la cohérence du sujet et la cohésion de l'ensemble dans chaque société. De la légitimité à la démocratie qui posent des difficultés majeures de la même manière à ce qu'elles engendrent comme dynamique nouvelle pour assurer l'ordre et suivre l'évolution du temps et ses impératifs. C'est pourquoi le capital conceptuel n'arrive plus à exercer un tel suivi, non pas par ce qu'il invente comme nouvelles idées et réels projets, mais pour suivre la réalité des choses afin d'en proposer ce qui va avec les besoins légitimes et les nécessités d'urgence. Cela se traduit en effet dans la violence politique issue de la peur qui s'exprime par la fin du dialogue social où l'ordre politique est à la fois stable et instable. Il est instable par la notion de démocratie politique et la citoyenneté civile et il est stable par la manière dont la peur de demain incite à s'en protéger. La notion de l'Etat moderne suit celle de l'entreprise, sinon elles vont de pair. C'est entre le discours moral de l'Etat et l'intérêt économique du privé que la politique enseigne autour de l'intérêt général et le rôle économique de l'entreprise. En exerçant chacune son rôle régulé par l'autorité juridique et administrative dans la société, l'équilibre sera réalisé.
La régulation des services publics se privatise souvent autour de la crise de l'Etat-nation. La question fondamentale est de savoir ce que l'homme peut apporter aux siens non seulement pour bénéficier plus d'intérêts juteux mais aussi pour contribuer à cimenter le dialogue culturel et l'ouverture sur autrui. L'enjeu est de taille, à savoir la position de la culture de chaque peuple et la marque politique de son Etat. C'est à la position de chaque Etat que se définit sa politique étrangère. Le problème de dialogue des religions ne se pose pas de la même manière aussi bien en Occident qu'au Moyen-Orient. Une ligne défensive plutôt qu'offensive. La culture moderne se met en manifestations créatrices et en projets bénéfiques qui rapportent plus. Mais c'est le dialogue des cultures qui est plutôt favorable, à savoir sa conception autour de l'homme, par l'homme et pour l'homme.
L'auteur est chercheur universitaire Paris (France)


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