Tous les jours ou presque, des jeunes filles, belles pour la plupart, se mettent au bord de la rue Si Lakhdar, à Lakhdaria, et tendent la main aux passants ; ce sont des mendiantes. Selon des sources bien informées, elles viennent d'un bidonville de Reghaïa, et ont choisi ce « job » tout simplement parce qu'il leur rapporte gros. Un restaurateur chez qui venaient manger certaines de ces mendiantes a bien voulu nous raconter comment elles font, du moins dans son restaurant. « A la fin de leur travail », vers 14h, affirme-t-il, « elles viennent ici. Elles commandent toujours deux plats et un soda, règlent ensuite l'addition, puis me demandent de leur faire la monnaie ». Questionné sur les sommes qu'elles changent, notre interlocuteur rit de bon cœur avant de nous assener des chiffres qui laissent pantois. « Entre mille et dix-mille dinars », dit-il. Et d'ajouter : « Leurs billets dans le sac, elles activent la puce de leurs portables multimédia, passent dans l'arrière-boutique troquer le vieux hidjab de travail avec un autre flambant neuf et quittent les lieux, la satisfaction clairement affichée sur leurs belles figures. » Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces mendiantes énervent beaucoup plus les femmes que les hommes. Combien de fois, en effet, n'a-t-on pas vu des dames s'en prendre aux mendiantes, en leur faisant entendre des vertes et des pas mûres. « Vas travailler ! » ou « Vas te marier ! », tels sont, entre autres, les quolibets que lancent les passantes aux mendiantes qui encaissent sans broncher. Il y a aussi des jeunes hommes qui glissent une pièce dans la main de la mendiante en lui laissant entendre qu'ils sont prêts à donner davantage, si…Et ça a marché pour des veinards ! Enfin, il faut le dire : ces mendiantes posent un problème de taille, celui du deux poids, deux mesures. Plus clairement, pourquoi la police chasse-t-elle sans ménagement les petits vendeurs sur le trottoir et laisse faire les mendiantes installées tout près ? C'est à se demander d'ailleurs pourquoi il n'y a pas de loi dans notre pays interdisant la mendicité à ces jeunes personnes bien portantes, qui se font un malin plaisir à se la couler douce en tendant seulement la main. Décidemment, ces dames qui crient haro sur les belles mendiantes n'ont pas toujours tort.