Il est dit que traduire c'est trahir. Mais cela n'a pas empêché M'hammed Djellaoui de traduire une partie de l'œuvre d'Aït Menguellet en arabe. EEnseignant au département de la langue et culture amazighs, M'hammed Djellaoui a traduit du kabyle à l'arabe une partie de l'œuvre poétique de l'interprète et compositeur Lounis Aït Menguellet. Ce travail est publié sous forme d'ouvrage intitulé Recueil de poésie de Lounis Aït Menguellet(1). L'ouvrage comprend 123 textes composés et chantés par Aït Menguellet. Ils sont répartis sur quatre volets : l'amour, le social, les thèmes politiques et la sagesse. Traduire les textes de Aït Menguellet constitue une tâche titanesque et complexe, vu la richesse de la charge sémantique que le poète insuffle aux mots. Entre autres textes traduits, Attas, attas (dors, dors) où il dit : (…) Ils te bercent jusqu'à t'endormir, te couvrent, tout ce que tu désires est disponible en rêve tout est facile referme les yeux et rendors-toi de peur que nous te réveillions. Dors, dors, il n'est pas temps encore, ce n'est pas ton tour de parole. Toi qui a perdu le sommeil tu le retrouveras dans notre pays (…) p 160 Abrid en temzi, (le chemin de l'enfance) évoque ces chasseurs de lumière, ces bien-pensants qui empêchent leur société d'avancer en lui imposant en douleur ou en douceur l'ignorance. A ces sbires qui interdisent la parole, étouffent les libertés, le poète s'adresse en ces termes : « Lorsque nous avons découvert la lumière, vous êtes venus l'éteindre. L'œil qui nous a permis de voir Vous avez voulu l'aveugler Vous ne pouvez pas nous empêcher de voir (…) Si vous nous imposez le silence, Nous crierons notre nom Nous refusons de le voir mourir Nous le crierons au ciel (…) p 242 Agu, (le brouillard) peint l'homme confronté au pire exil, l'exil intérieur. Dans sa solitude, il se construit une thébaïde où il rumine dans la sagesse sa colère impuissante : Depuis que je me suis exilé, Mes yeux n'ont cessé de verser des larmes Ils ont attendu que quelqu'un vienne Pour apprendre de lui au moins les nouvelles. Ce n'est pas toi, qui me fait pitié, Mais plutôt la terre qui nous a vu naître (…) p 128 -(1)- M'hammed Djellaoui. Recueil de poésie de Lounis Aït Menguellet. Editions Zyriab. Alger 2007. 367 pages.