Couffin du Ramadhan, voilà bien une opération de solidarité qui a fait l'objet, par le passé, de scandales et de détournements avérés. Cette opération, déjà entachée par des irrégularités de gestion, ne semble pas, cette fois, échapper à ce constat navrant. Surtout, sur le plan de l'organisation où des carences ont été constatées. Les pouvoirs publics ont voulu anticiper. Cette année, l'opération de distribution de cette aide « précieuse » précède d'au moins quelques jours le début du mois de jeûne. La réalité du terrain n'obéit pas à ces dispositions décidées en haut lieu. En effet, la plupart des communes de la capitale accusent un retard dans la remise de cette aide à qui de droit. Pis, certains sièges d'APC sont devenus des endroits où l'humiliation et l'offense sont érigées en mode de communication. « Revenez demain, aujourd'hui il n'y a personne », s'écrie un agent de sécurité à l'adresse de quelques femmes qui attendent désespérément devant le portail de l'APC de Bordj El Bahri un hypothétique couffin. On croyait révolue à tout jamais cette image d'un autre âge. Elle démontre en somme le degré d'indifférence des responsables locaux pour la condition humaine et la souffrance de leurs semblables. Le dispositif mis en place par le comité de solidarité de la wilaya, qui devait notamment pallier ce genre d'insuffisances, n'a pas été, semble-t-il, d'une grande efficacité. Bien que la dotation financière atteingne 249 millions de dinars, dont 167 millions dégagés des fonds communaux, nous précise-t-on, les démarches bureaucratiques et le manque de célérité ont d'ores et déjà « saboté » toute l'opération. Par ailleurs, sur le nombre de familles nécessiteuses recensées et identifiées à travers les 859 quartiers des 57 communes de la wilaya (80 646 familles), combien se sont vues dans l'obligation de renoncer à cette aide par pudeur ? Plusieurs, assurément. La responsabilité de ce fait désolant incombe entièrement aux responsables chargés de mener à bien l'opération au niveau local. Pour les citoyens les plus démunis sont réservés, nous apprend-on, 108 restaurants à même de servir 4900 repas par jour. La distribution des quelque 19 300 kits alimentaires de survie (couffins) et l'aide financière directe allant de 2000 à 5000 DA pourra-t-elle réellement élever le niveau de vie des citoyens au rang de classe moyenne ? Rien n'est moins sûr surtout lorsque l'on voit que l'opération en question a des relents populistes et n'est d'un grand secours pour personne.