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Odeurs de chorba parisienne
ramadhan à Belleville
Publié dans El Watan le 10 - 10 - 2005

Le quartier de l'est parisien sommeille la journée pour ne reprendre vie que le soir. Belleville attend l'adhan pour se réveiller. Durant la journée, les boucheries hallal, les pâtisseries et les magasins d'alimentation générale maintiennent un semblant de vie. Le soir, les restaurants et les cafés prennent le relais. Le Ramadhan est dans tous les esprits.
Yanis, Zigzag, Le Soleil, Djurdujra... Les restaurants « musulmans » de Belleville font de bonnes affaires ce Ramadhan. Ils sont pris d'assaut dès 19 h, une demi-heure avant le f'tour. Ambiance ramadhanesque assurée. Il ne manque rien : l'impatience avant l'appel du muezzin, les nerfs à vifs des « pratiquants », la sérénité des « mécréants », la fébrilité des serveurs, les tables qui se remplissent très vite, le brouhaha et les menus spécifiques. Comme s'ils se sont passés le mot, tous les restaurants proposent un menu complet identique, à quelques bouraks près. Et les prix sont sensiblement les mêmes, entre 10 et 15 euros. Quelquefois, le thé est offert. Pas souvent. Les clients viennent plutôt de la classe moyenne, salariés et souvent célibataires. « Notre clientèle a changé ces dernières années. Avant, ce sont les vieux immigrés, les retraités qui vivent dans les hôtels meublés et les foyers Sonacotra, qui venaient de temps à autre manger ici pour améliorer leurs repas. Aujourd'hui, nous travaillons plus avec les jeunes », constate Da Amar, restaurateur. Belleville, quartier cosmopolite, somnole avant le f'tour et reprend de la vie après la rupture du jeûne. Le nombre de restaurants qui se sont spécialisés dans la cuisine maghrébine est impressionnant. « Franchement, avant la fin des années 1980, on ne connaissait pas cet engouement pour le Ramadhan. La plupart des immigrés ne faisaient pas carême et rompaient le jeûne chez eux. Depuis quelques années, Belleville ressemble plus à Alger, avec une meilleure qualité de vie et beaucoup moins de stress. Il faut croire que les jeunes sont plus croyants et, en traversant la Méditerranée, deviennent plus tolérants », analyse Da Amar. Smaïl, lui, ne se pose pas de questions. Il a sa table réservée au Yanis, presque tous les soirs. A 12 euros le menu, l'addition promet d'être salée à la fin du mois. « Je me lâche pendant le Ramadhan. J'ai un budget spécial restaurant. Le reste de l'année, je ne me fais un restaurant que deux à trois fois par mois. C'est très déprimant de casser le Ramadhan tout seul. Ici, je suis toujours entouré de copains. » Le serveur acquiesce. Smaïl a tous les égards de la direction. Sa table est la plus animée, presque huit couverts tous les soirs. Dans un moment de confidence, Smaïl avouera qu'il n'a jamais observé le jeûne, mais qu'il est accro à l'ambiance. « Il ne manque que la musique andalouse à la télé. Nous sommes des grands adultes qui courent après leurs souvenirs d'enfance. Le Ramadhan a pour moi des odeurs de chorba, le bruit d'une télé allumée et la convivialité d'une famille réunie au complet », s'épanche le quadragénaire de Bou Smail. Ce soir au menu : chorba frik, deux bouraks, deux plats de résistance et un gâteau oriental pour dessert. Nadia, toujours à la table de Smaïl, a du mal à cacher sa mélancolie. « C'est très dur de passer ce mois toute seule à Paris, loin de sa famille. C'est mon troisième Ramadhan d'affilée en France, mais je ne m'y habitue jamais. J'étouffe dans la résidence universitaire alors je me réfugie ici pour la chaleur humaine. C'est peut-être cela l'instinct grégaire communautaire. On a besoin de se retrouver avec des gens qui nous ressemblent », note la doctorante en biologie.
La nostalgie d'accord, mais le couscous alors ?
Au Café des amis, le choix est très réduit. C'est soit le steak frites, soit steak haricots. Dans ce petit café, les clients sont majoritairement des habitués. « Nous continuons de fonctionner comme d'habitude. Nous ne faisons pas de la restauration, c'est juste pour casser la croûte. Nous ne voulons pas faire fuir notre clientèle en augmentant nos tarifs. On ne peut pas améliorer l'ordinaire en gardant les mêmes prix. De toutes façons, les clients pratiquants arrivent après la rupture du jeûne », remarque Rachid. Vers 20 h 30, le café devient vite exigu. L'accalmie a duré peu de temps. Au fracas des pièces de domino se mêlent les cris et les interpellations des consommateurs. La moyenne d'âge, au regard des cheveux blancs, ne doit pas être loin de la soixantaine. Avec un fort accent kabyle, Chabane tente d'expliquer en français, malgré l'invitation à parler en berbère, que la nostalgie est un ciment qui réunit tous les exilés. « On recrée le village à Paris. C'est très reposant de parler, de vivre, avec ses compatriotes. Pendant le Ramadhan, on regarde moins la télévision et on joue plus aux dominos le soir. Cela nous change du reste de l'année. On se sent moins seuls. La nostalgie est ce qui rassemble », note l'ancien ouvrier d'une grande marque de voiture. « Pas seulement la nostalgie, et le couscous alors ? », rétorque son ami Ahcène, chauffeur de taxi pendant 30 ans. Il travaille de jour dans une société de taxis. Dès la nuit tombée, il quitte son meublé pour rejoindre ses amis. Les parties de dominos finissent très tard. « Ne croyez pas que nous sommes avares ou que nous mettons beaucoup d'argent de côté. La plupart d'entre nous sont en pré-retraite ou en retraite. Le Ramadhan est aussi un moyen de faire des économies ». Les deux Belleville se croisent, mais ne se rejoignent jamais. Les anciens, les chibanis, ont quitté le boulevard pour se réfugier dans les petits cafés-restaurants des rues adjacentes. Les jeunes, plus riches que leurs aînés, et surtout mieux intégrés professionnellement dans la société française, squattent les lieux chics de ce quartier populaire et très couru. Terrasses pour les uns, fond de salle pour les autres. Aux parties de dominos de Chabane et ses amis, Smail et les siens préfèrent les soirées à l'Institut du Monde arabe. A l'image de nombreux quartiers parisiens, Belleville s'embourgeoise et les « personnes à faibles revenus » sont priées d'enjamber le périphérique.


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