Encore une fois et comme à l'accoutumée, l'arrivée du mois de Ramadhan rappelle bien la déferlante des commerces de fortune mais aussi la dégradation incommensurable de l'hygiène. Ce mois censé être de clémence et de quiétude ramène, malheureusement et comme à chaque année, son lot de dépenses pharaoniques et d'insalubrité remarquables à tous les niveaux. A la veille du début du carême, les ruelles des villes se sont déjà transformées en étalages à ciel ouvert. Cela même qui fait dire à un citoyen rencontré à Bechloul, une ville sise à un vingtaine de kilomètres à l'est de Bouira, que « durant ce mois il n'y a pas que les cœurs qui se réchauffent pour voir les mosquées achalandées par de nouveaux reconvertis, mais aussi les rues qui par on ne sait quel enchantement, prennent l'allure de marchés qui ne désemplissent pas », pour ajouter « le consommateur est aveuglé et les commerçants, qui pour la plupart sont des arrivistes, ne s'inquiètent plus des règles d'hygiène pour étaler leurs marchandises à même le sol ». Effectivement, dans cette même ville où il nous a été permis de vérifier sur le terrain cet état de fait, le marché du trottoir ne désemplit pas, pour autant que toutes sortes de produits alimentaires, pain, gâteaux, zlabia, viande et autres, se trouvent exposés sur tout le long des ruelles et plus particulièrement sur la route nationale. Même topo au niveau de la plupart des localités que nous avons visitées. Des baraques de circonstance et des pans entiers de trottoirs se sont transformés en étals où toutes les marchandises sont disponibles, dans l'ignorance totale des règles d'hygiène requises en de tels cas. Les produits alimentaires les plus exposés à la détérioration, notamment les produits carnés et laitiers, sont tout bonnement exposés à l'extérieur des magasins qui semblent être très exigus pour pouvoir contenir toutes ces denrées « inconsommables » qui envahissent le marché au cours de ce mois. Cela même qui pose avec acuité la question de savoir où sont passés les services d'hygiène, les BHC (bureau d'hygiène communal) censés veiller sur le respect des règles de salubrité publique. Pourtant, du côté de la direction du commerce de la wilaya, une batterie de mesures coercitives avait été mise en branle à l'occasion. Les différents programmes de sensibilisation et les descentes « punitives » des brigades de contrôle de la DCP semblent bien ne pas arriver à entamer l'entêtement des pseudo-commerçants qui continuent à user de leurs procédés néfastes. Pourtant, il est admis que les toxi-infections engendrées par le non respect des règles d'hygiène, représentent un sérieux problème de santé publique à l'échelle nationale. Devant ce cas de figure, l'hygiène alimentaire est tout bonnement mise à rude épreuve, au grand dam de la population et des responsables compétents. A ce titre, l'Algérie enregistre annuellement entre 3000 et 5000 cas d'intoxication alimentaire si on se fie aux statistiques établies par le ministère de la Santé. Au niveau de la wilaya de Bouira, beaucoup reste donc à faire, non sans la participation active du consommateur bien sûr. L'implication de tous, plus particulièrement les autorités municipales, aux côtés des services de la DCP est vivement souhaitée pour pouvoir endiguer le mal qui écume nos marchés.