Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Le mois sacré de Ramadhan débarque dans les foyers algériens avec son lot d'interrogations et de peines. Malheureusement, le Ramadhan, naguère synonyme de joie, de convivialité et de quiétude, n'évoque aujourd'hui pour le commun des Algériens que la saignée du portefeuille et la galère financière. Il n'a suffi donc que de quelques années pour clochardiser des pans entiers de notre société et se retrouver avec plus de 1,2 million de familles démunies ! Le chiffre donne froid dans le dos d'autant plus qu'il a été communiqué récemment par Djamel Ould Abbes, le ministre de la Solidarité nationale. Comment sommes-nous arrivés à cette paupérisation ? Pour l'ensemble des analystes, c'est l'érosion incessante du pouvoir d'achat qui est à l'origine de cette misère sociale. Avec leur salaire dérisoire, des millions d'Algériens ne peuvent se permettre d'acheter des fruits et des légumes en constante «flambée». Même celle qui fut naguère la classe moyenne se trouve aujourd'hui dans le manque ! Preuve en est, il n'y a pas longtemps, une enquête réalisée par la cellule de réflexion du Syndicat national du personnel de l'administration publique (SNAPAP) sur la vie socioprofessionnelle des travailleurs de la fonction publique a relevé que pas moins de 76,71% déclarent être obligés de recourir à chaque fin de mois à l'endettement pour satisfaire les besoins de leur progéniture. Quoi de plus symbolique ! S'endetter pour subvenir à ses besoins, il s'agit bel et bien là d'une tendance qui se renforce à l'approche du Ramadhan, lequel coïncide cette année encore avec la rentrée scolaire et son train de dépenses. Et comment tenir le coup lorsqu'on sait que les prix des produits alimentaires n'ont augmenté de près de 200%, alors que les salaires des fonctionnaires 'ont été augmentés que de 20% ces dernières années ! Faut-il donc s'étonner dans ce contexte que le pouvoir d'achat des Algériens se dégrade continuellement ? Rien que pour les fonctionnaires, selon l'étude réalisée par le SNAPAP, un surplus d'au moins 11 100 DA par mois leur est nécessaire pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille comme il se doit. Et ces derniers ne peuvent guère élaborer des projets de vie à cause de la cherté de la vie. Ils ne peuvent nullement penser à acquérir un logement, un rêve difficile à caresser alors que près de 40% des travailleurs déclarent ne pas avoir de logement social, 11% disposent de logements sociaux locatifs, et pas moins de 28,94% d'entre eux sont sans logis. En tout cas, le diagnostic des experts est clair : si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, cela accélérera à coup sûr la détérioration du pouvoir d'achat. Aujourd'hui, en moyenne le revenu d'un Algérien est consacré à plus de 80% aux biens essentiels contre 65% entre 2004/2005. Ce qui prouve que l'endettement des ménages et surtout le nivellement par le bas des couches moyennes, pilier à la fois du développement et de la stabilité politique, s'accélèrent. Un signal vraiment inquiétant et la situation n'est pas près de s'arranger avec le Ramadhan qui s'annonce d'ores et déjà cher. Même très cher…