Le procès en appel des frères Zoghlami s'ouvre aujourd'hui à Tunis. Jalal et Néjib ont été condamnés, le 4 novembre 2004, à une année de prison ferme par le tribunal de première instance de Tunis pour, entre autres, « destruction de bien d'autrui », « port d'armes blanches », « violence ». Dénonçant un procès « inique », leurs avocats estiment qu'il s'agit là d'une affaire « montée de toutes pièces » par le pouvoir tunisien. Une cabale dans le but de leur faire payer la liberté de ton arrachée par leur frère, le journaliste Taoufik Ben Brik Zoghlami, et à Jalal, à titre individuel, la publication du mensuel clandestin Kaws El Karama (L'Arc de la dignité) et son opposition à la réélection de Zine El Abidine Ben Ali à la présidence de la République pour la quatrième fois. Des représentants du comité algérien de soutien aux frères Zoghlami s'est rendu, hier, à l'ambassade de Tunisie à Alger, pour dénoncer le déni de justice qui frappe ces derniers particulièrement, et les opposants tunisiens de façon générale. Mais ils n'ont pas réussi à y déposer une lettre de protestation, accompagnée d'une pétition, encore moins à être reçus. La veille, trois députés du Parti des travailleurs (PT) ont, en revanche, réussi à accéder à l'ambassade et pu exprimer ainsi leur réprobation. « Nous sommes effrayés par l'acharnement du pouvoir tunisien contre les frères Zoghlami. C'est une mise à mort de toute une famille », ont indiqué les représentants du comité de soutien, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au siège d'El Watan. « Le procès qui a eu lieu le 28 octobre 2004 n'a d'autre but que de discréditer l'opposition démocratique au régime qui, encore une fois, recourt à l'instrumentalisation de la justice pour régler des problèmes de type politique, et ce, au mépris du principe d'indépendance de l'institution judiciaire, reconnue par la Constitution tunisienne », ont-il estimé dans la correspondance qu'ils n'ont pu remettre à l'ambassadeur tunisien. De ce fait, ils ont exigé leur libération inconditionnelle et l'annulation de toutes les poursuites dans le cadre de cette affaire. L'un des deux avocats de la défense, maître Nourredine Benissaâd, a rappelé que « les conditions minimales pour un procès équitable n'ont pas été assurées ». Outre le filtrage de l'entrée à la salle d'audience, maître Benissaâd a relevé l'absence des témoins à charge et des témoins à décharge le jour du procès, de même que celle des autres personnes concernées par cette affaire, une bagarre survenue le 22 septembre 2004 dans un bar à Tunis. « Au moment de payer leurs consommations, les frères Zoghlami ont été surpris de voir surgir derrière eux une dizaine de civils. Ces éléments les ont provoqués, puis agressés. Jalal et Néjib ont dû fuir pour aller se protéger dans une pizzeria », a-t-il ajouté. Ces individus, des policiers, selon maître Benissaâd, n'ont pas été inquiétés, alors que celui qui était en compagnie des frères Zoghlami, Loumoumba Mohseni en l'occurrence, a été condamné par défaut à 33 mois de prison ferme. Le comité de soutien a appelé la corporation journalistique et les militants des droits de l'homme à faire pression sur le régime tunisien afin de libérer les deux détenus.