Il est déjà difficile pour un enfant de naître ici. Très jeune, on lui apprend à l'école Adab el qabr, le supplice de la tombe, film d'horreur avec effets spéciaux, dont le scénario a été écrit par des docteurs de la foi qui manquent de tendresse, suite à une enfance difficile. Un peu moins jeune, on explique au petit algérien qu'il va brûler en enfer s'il ne se soumet pas aux prescriptions divines, puis en prison s'il embrasse sa copine dans un bois. Si c'est une fille, on la menace de châtiments après la mort si elle ne porte pas de hijab et de tremblements de terre pendant la vie si elle montre son nombril. Plus grand, on menace de coups et blessures celui qui n'écoute pas son père et de châtiments politiques s'il n'écoute pas le président. Plus grand encore, il doit faire face à d'autres menaces, celles du GSPC qui menace chacun de mort s'il aide les services de sécurité ou continue à boire de la bière en short, voire s'il écoute de la musique avec le timbre de l'Onda. Puis les menaces récurrentes de l'Etat, à l'image du président Bouteflika qui menace régulièrement de partir chez lui en emportant la clé. Dans cette criminalisation de chaque activité, l'Etat est arrivé à menacer les harraga de prison, les manifestants de tabassage, les chrétiens de cachot et les investisseurs étrangers de redressement fiscal. La dernière menace en date est de M. Ouyahia, qui tout en expliquant que ce n'est pas une menace, a averti les journalistes, déjà menacés avant de diffamation, de ne pas offrir de tribune à n'importe qui. Il visait Layada, qui s'est répandu indécemment dans un quotidien. Ce ne sont pourtant pas les journalistes qui ont libéré Layada ni les lecteurs qui ont été à l'enterrement du général Smaïn. Il aurait dû menacer son président. Mais la menace, mode de gestion, est hiérarchisée. On menace sa femme ou sa fille, jamais son père ou son frère.