La commune de Draâ Ben Khedda, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, est devenue le rempart du commerce informel. Car, au-delà des baraques de fortunes dont les trottoirs sont jonchés ici et là, cette ville renferme en son sein le plus gros marché informel de toute la région. En effet, le marché en question dont l'existence remonte déjà à une décennie, continue de sévir dans l'illégalité et l'anarchie sur la voie ferrée qui traverse cette localité. Le chemin de fer est complètement couvert par les marchandises au point qu'un passage éventuel d'une locomotive parait impossible et nécessite un arrêt momentané, le temps de frayer sa voie. Dans cet endroit trop fréquenté, où l'anarchie règne, des centaines de produits hétérogènes se vendent quotidiennement, allant des légumes et fruits, divers produits alimentaires, l'habillement, les produits cosmétiques et de fantaisie en passant par l'électroménager, les ustensiles de cuisine, droguerie et friperie jusqu'au commerce des volailles. Un véritable bazar en plein air dont l'extension n'est pas en passe de s'arrêter. Les marchands qui étalent leurs marchandises, parfois à même le sol, viennent de différentes wilayas du pays. Ces derniers, profitant de l'absence des autorités dans ce lieu, écoulent leurs marchandises souvent contrefaites et ne répondant pas aux normes commerciales, au détriment de la santé du consommateur. Du fait de l'abondance des marchandises et leur variété, le marché informel de Draâ Ben Khedda attire vers lui des milliers de personnes venant des localités limitrophes à la recherche des produits à bon prix. Les commerçants de cette commune, soumis aux impôts, crient à l'injustice dont ils sont victimes. « Ils travaillent dans l'informel, vendent des produits contrefaits et ne payent aucun impôt à l'Etat ! Comment veux-tu que ça ne marche pas ? », grogne un propriétaire d'une boutique de prêt-à-porter. Notre interlocuteur, visiblement outré par cette situation, ajoute en substance que plusieurs de ses collègues ont préféré fermer leurs boutiques pour se convertir aussitôt au commerce informel.