La rentrée politique en France est chargée de gros nuages pour la gauche. La majorité de droite n'est pas pour autant à l'abri de turbulences. Paris. De notre bureau Les universités d'été organisées par les partis politiques ont montré combien le tableau est morose, notamment pour les partis de gauche, placés devant l'impératif de renouvellement et d'alternative à la majorité de droite avec un véritable projet de société. C'est aujourd'hui un défi vital auquel sont confrontés aussi bien les socialistes, les communistes que les autres courants alternatifs. La droite a également du souci à se faire, frappée elle aussi par l'érosion de ses adhérents — le nombre de ses adhérents est passé de 370 000 en 2007 à 225 000 actuellement — et des ambitions qui s'aiguisent au fil des mois. Les partisans de Nicolas Sarkozy se sont réunis samedi et hier en « campus » au bord de l'Atlantique, avec comme mot d'ordre l'unité. L'UMP, comme le PS est traversée par des rivalités et des convoitises qui, malgré les récents rappels à l'ordre de Nicolas Sarkozy, restent vivaces. A l'UMP, la bataille d'hommes concerne le poste de secrétaire général du parti. Le départ de M. Devedjian est programmé. La seule inconnue reste l'échéance. « Nous, nous devons avoir une seule ligne de conduite : rester unis, car c'est ce que les Français (...) attendent de nous. Avancer sur le chemin des idées et jamais sur celui des personnes », a déclaré le secrétaire général adjoint de l'UMP, Christian Estrosi, en donnant, vendredi soir, le coup d'envoi de l'université d'été des Jeunes populaires (jeunes UMP) à Royan, alors qu'il a été le premier à critiquer le secrétaire général, Patrick Devedjian, après la défaite des municipales, et avant de rejoindre la direction nationale, en allusion aux socialistes qui, le week-end précédent, ont étalé publiquement leurs rivalités et leurs divergences (lire ci-contre). La dispersion et la confusion, les batailles des ténors pour le leadership, de courants, minent en effet le principal parti d'opposition de gauche, impuissant à proposer une stratégie de rassemblement. Le secrétaire national sortant du PS, François Hollande, estime qu' « avant de choisir un premier secrétaire, il nous faut définir une orientation, une stratégie, un programme de travail » (interview à Libération du 27 août), demandant aux ténors de mettre un « coup d'arrêt à la fragmentation, à la dévalorisation du travail collectif, à l'individualisme », sinon « il y a risque de déclassement du Parti socialiste, de perte de sa crédibilité et de désespérance à gauche. ça suffit ! » « D'autant, insiste-t-il, que ça s'aggrave pour les Français à cause de la politique mise en place par la droite, tant sur le plan intérieur qu'international. » De son côté, le Parti communiste français (PCF) doit « changer sans se perdre, sans se dénaturer, pour devenir un grand parti ouvert, rassembleur, porteur d'un projet moderne et audacieux », a estimé, le 29 août à Vieux Boucau (Landes), Marie-George Buffet, secrétaire nationale du parti, à l'occasion de l'université d'été du PCF. La secrétaire nationale du Parti communiste demande qu'enfin « la gauche organise une riposte » contre la politique du gouvernement mais aussi qu'elle « travaille sur les conditions d'un projet pour porter un vrai changement ». A ses yeux, la nécessité de répondre à la politique de Nicolas Sarkozy et à la « grande angoisse de la population laborieuse » ne peut réussir que si les forces de gauche - le PS, le PCF, mais aussi les Verts - « montrent que le changement est possible avec un projet crédible », a-t-elle affirmé dans une interview au journal Le Monde.. Au centre, François Bayrou, dont le parti a également tenu son université d'été samedi et dimanche, veut faire du MoDem une « force de résistance ». « La politique française étant ce qu'elle est, la situation du Parti socialiste étant ce qu'elle est, il faut que nous, qui sommes des républicains et des femmes et des hommes du centre, soyons une force de résistance et de repères », a lancé François Bayrou aux militants de son parti.