Les universités d'été ont donné aux postulants de s'exprimer et de préciser leurs intentions. A huit mois de la présidentielle, la classe politique française s'emballe et les peaux de bananes jonchent la voie menant aux Champs-Elysées, pour des présidentiables qui piaffent dans leurs starting-blocks. Guerres intestines ou inter-familles politiques, les discours prononcés durant les universités d'été des partis ont néanmoins permis d'en savoir davantage sur les intentions et les projets des candidats potentiels. Le favori du moment, Nicolas Sarkozy, accompagné de pas moins de quinze ministres et de stars du show-biz telles que Johnny Halliday et Doc Gynéco, a pris de vitesse ses adversaires de la gauche en accaparant le thème de la rupture. A Marseille, devant des jeunes galvanisés par son discours, il a emprunté les références des socialistes, Jeau Jaurès ,Jules Ferry, et a, savamment, dosé ses propos de patriotisme et d'humanisme pour proposer son projet de «France d'après».Aux jeunes encore sous l'effet du CPE (contrat première embauche) De Villepin, il a promis «un service civique» un chômage ramené à 5% dans les cinq ans à venir, il leur a parlé d'environnement, de devoirs et de droits. En bref, il a invité «ces enfants de la crise» selon ses termes, à le rejoindre pour «construire» le «nouveau modèle français». Propos évidemment largement commentés par les politiques des différentes chapelles. A Marseille, Sarkozy a soigneusement évité d'évoquer les intentions de Jacques Chirac. Il est vrai que, si les ambitions existent à droite, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie pointe du nez dans le décor électoral et Chirac continue d'entretenir le suspense sur son éventuelle candidature, on est loin cependant de la cacophonie du PS. Segolène Royal doit d'abord, se battre contre ses propres camarades pour assurer sa candidature. Elle le sait, elle qui a soutenu «je tiendrai malgré les coups», indiquant que la charge de chef de l'Etat implique «d'avoir des idées et des convictions».Le manque d'idées, voilà le reproche fait à Mme Royal. Alors que Lionel Jospin, un revenant, restait sceptique quant à la candidature de Ségolène Royal, il l'a fait savoir lors de l'université d'été du PS qui s'est tenue à La Rochelle, récemment ; Dominique Strauss-Kahn le dit lui aussi, à mots couverts, mais n'en pense pas moins quant aux capacités de la députée des Deux-Sèvres à postuler à l'investiture présidentielle. Pour battre Sarkozy, affirme-t-il, il faut une vraie gauche. Avec de la popularité, de la posture. Mais il faut aussi quelqu'un capable de combattre sur le plan idéologique. Au Parti socialiste, «les éléphants» reprochent à Ségolène Royal son discours généraliste, sa tendance à éviter les débats difficiles et ses tentations libérales. Pour l'instant, personne ne s'est ouvertement déclaré, mais les prétendants à l'investiture du parti ont jusqu'au 28 septembre, pour déposer leurs candidatures qui seront soumises au vote des militants les 16 et 23 novembre prochains. Pour Le Pen de l'extrême- droite, aucun de ses adversaires de gauche ou de droite ne sera présent au second tour. Pour lui, Ségolène Royal est «une bulle médiatique» tandis que Sarkozy devrait «se tirer une balle dans la tête ou se retirer dans un couvent» au vu de la situation du pays. A l'université d'été du Front national, il a tout de même fustigé la mesure du ministre de l'Intérieur «de régulariser des parents d'élèves clandestins».François Bayrou, président de l'UDF (droite), a abondamment dénoncé, lors de l'université d'été de son mouvement, le monopole exercé à deux par «les amis et les héritiers de François Mitterrand» et «les amis et les peut-être héritiers de Jacques Chirac». Et quid justement de Chirac? L'entourage de Sarkozy se refuse à tout commentaire sur le sujet, rappelant cependant, que Dominique de Villepin est venu apporter son soutien à Sarkozy à Marseille, le week-end dernier. Le Premier ministre avait effectivement remercié son ministre de l'Intérieur pour ce qu'il avait fait de l'UMP ajoutant que cela «sera un atout pour nous tous et pour toute la famille (de l'UMP) toute entière». Cela signifie-t-il pour autant que la hache de guerre est enterrée entre le clan Chirac et les Sarkozystes? Difficile à dire, surtout après le retour sur scène d'Alain Juppé, qui a «purgé» sa condamnation à l'inéligibilité, lui qui passe pour être la tête à penser du président Chirac.