La répression policière ne cesse de s'abattre sur les défenseurs des droits de l'homme en Tunisie, cela au point où même les handicapés moteurs sont harcelés et violentés. En effet, Tarak Essoussi, membre dirigeant de l'Association de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), a été traduit devant le juge d'instruction de Bizerte le 3 septembre. Il a été accusé d'avoir diffusé de fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public en vertu des articles 42 et 49 du code de la presse. Plus précisément, il lui est reproché d'avoir fait une déclaration à la chaîne Al Jazeera le 26 août dernier, informant de l'enlèvement par la police politique d'un groupe de 7 jeunes à Bizerte. « La véracité de ces graves abus policiers dénoncés par Tarak Essoussi et rapportés dans un communiqué de l'AISPP est attestée par les témoignages des familles des victimes et confirmée par la section de Bizerte de la LTDH », affirme le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), dans une déclaration rendue publique jeudi dernier. Selon cette organisation, Tarak Essoussi, qui souffre d'un sévère handicap moteur, a été amené au tribunal de Bizerte pour interrogatoire sans ses béquilles, porté par des policiers. « Le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Bizerte, Akram Mnekbi, a accepté de l'interroger dans cet état et poursuivi son interrogatoire malgré les protestations de la défense. Me Anouar Kousri s'est retiré en signe de protestation contre cette volonté délibérée d'humiliation. Il semblerait, selon les premiers éléments de l'instruction, que l'accusation ne conteste pas l'authenticité des faits dénoncés par M. Essoussi », souligne le CNLT dans sa déclaration. Tarak Essoussi a été arrêté le 27 août dernier à son domicile par une brigade d'une dizaine de policiers entrés par effraction, précise encore le CNLT. Il est écroué à la prison civile de Bizerte où il est obligé de ramper par terre après la confiscation de ses béquilles par le directeur de la prison, affirme la même source. Pour le CNL, Tarak Essoussi est sanctionné pour avoir fait son devoir de défenseur de droits humains et usé de sa liberté d'expression. Ainsi, il exige sa libération immédiate, la levée de toutes les poursuites contre lui et l'ouverture d'une enquête sur les mauvais traitements qui lui ont été infligés ainsi que la réparation des préjudices qu'il a subis.