Tunis dément catégoriquement les violations des droits de la personne que lui prête le rapport de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme (OPDDH). Les autorités tunisiennes ont qualifié vendredi d'“allégations erronées” les informations rapportées par l'OPDDH faisant état d'une “vague de répression” et d'“interpellations sans mandat en violation des procédures légales”. “Aucune vague de répression, ni ancienne ni nouvelle, n'a eu lieu ni ne peut avoir lieu en Tunisie où les libertés publiques et les droits de l'homme sont garantis par la Constitution et sont scrupuleusement respectés au quotidien”, fait valoir un communiqué officiel rendu public. S'agissant de la “détention arbitraire de six Tunisiens depuis fin juillet” qu'évoque l'OPDDH, la même source gouvernementale précise que les personnes interpellées l'ont été pour “entrave à la liberté de circulation, occupation illégale et anarchique de la voie publique, atteinte aux bonnes mœurs et outrage à fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions”. “Il s'agit de délits de droit commun que sanctionnent les lois pénales en Tunisie comme ailleurs”, ajoute le communiqué, selon lequel “les personnes interpellées ont d'ailleurs reconnu les faits qui leur sont reprochés et l'affaire suit son cours devant la justice”. Selon l'OPDDH, les personnes interpellées sont Zakia Dhifaoui, membre de l'Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT), de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et du Forum démocratique, arrêtée le 27 juillet à Redeyef, dans le bassin minier de Gafsa (Sud-Ouest), théâtre au printemps d'un important mouvement de protestation sociale, après une marche de solidarité avec tous les détenus arrêtés. L'OPDDH fait aussi état de l'arrestation, le 25 juillet à Bizerte (60 km au nord-ouest de Tunis), d'Othman Jmili et de Faouzi Sadkaoui, membres de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), Khaled Boujemaa, membre du Parti démocrate progressiste (PDP), et Ali Neffati, ancien prisonnier politique, déférés le 29 devant le Tribunal cantonal de Bizerte et accusés d'“attroupement sur la voie publique” et d'“atteinte aux bonnes mœurs”. Enfin, poursuit le communiqué de l'OPDDH, le 28 juillet, Mohamed Ben Saïd, membre de la section de la LTDH de Bizerte, après avoir été contrôlé à la sortie de l'autoroute Bizerte-Tunis, a été arrêté et écroué à la prison civile de Mournaguia de Tunis pour “refus d'obtempérer” aux ordres de la police de la circulation. Selon l'OPDDH, ces personnes sont soupçonnées d'avoir participé à un rassemblement le 25 juillet à Bizerte à l'occasion de la fête de la République, où des slogans en faveur des libertés publiques, contre la vie chère et contre la présidence à vie avaient été scandés. L'OPDDH est un programme créé par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) en partenariat avec l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT). DJAZIA SAFTA/AGENCES