Après avoir rendu hommage aux médias algériens, Mme Flici, présidente de l'Organisation des familles des victimes du terrorisme (ONVT), a appelé hier à l'utilisation des avoirs gelés des terroristes pour financer la prise en charge des victimes. Invitée par Ban Ki-moon, au même titre que d'autres personnalités mondiales, pour prendre part au symposium international sur l'assistance aux victimes du terrorisme, elle a jugé nécessaire la concertation entre toutes les victimes de ce fléau et souhaité l'instauration d'une journée commémorative internationale dédiée à leur mémoire. C'est Ban Ki-moon en personne, en sa qualité de secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), qui a ouvert hier, à New York, les travaux du premier symposium international consacré aux victimes du terrorisme. Une trentaine d'invités, dont une vingtaine de victimes, parmi lesquelles Mme Fatma-Zohra Flici, présidente de l'ONVT, et l'ex-otage franco-colombienne, Ingrid Betancourt, ainsi qu'une dizaine d'experts de la lutte contre le terrorisme ont pris part à cette importante rencontre, première du genre dans l'histoire de l'ONU, qualifiée d'ailleurs d'« historique et sans précédent » par les organisateurs. Au programme, deux séances de travail entre experts (Robet Orr, président de l'équipe spéciale de la lutte contre le terrorisme à l'ONU), victimes et représentants des gouvernements. La première est consacrée à la définition des principaux problèmes auxquels se heurtent les Etats, les victimes et la société civile et à l'aide dont ces deux dernières catégories ont besoin. La seconde séance a permis aux participants de lancer le débat sur la facilitation des échanges et de l'apprentissage des pratiques exemplaires de la part de chacune des parties. Les travaux ont pris fin avec des déclarations de Robert Orr ainsi que des représentants des victimes et des gouvernements. Dans sa déclaration, Mme Flici, après avoir mis l'accent sur l'importance d'« une telle rencontre pour les échanges de points de vue et des expériences sur la thématique de l'assistance aux victimes du terrorisme », a estimé que l'ampleur des dégâts occasionnés par ce fléau a fait qu'en dépit des efforts consentis pour sauvegarder la mémoire des victimes, défendre leurs droits moraux et matériels et aider à réparer les préjudices subis, les besoins en termes de soutien et d'assistance à apporter aux nombreuses victimes et à leurs familles, demeurent extrêmement importants. Mme Flici n'a pas manqué de relever que les objectifs d'un tel symposium rejoignent ceux de son organisation qui a appelé à la création d'un réseau international de victimes dans le but de coordonner les efforts et asseoir une tradition de concertation entre les victimes, la société civile, les gouvernements et les experts à travers le monde. La présidente de l'ONVT a rendu un vibrant hommage aux médias qui ont joué, selon elle, un rôle important « pour faire prendre conscience » à l'opinion publique nationale de « la situation de détresse » que vivent les familles des victimes du terrorisme. « Les médias algériens ont contribué à rompre l'isolement injuste dans lequel était confiné notre pays à l'époque », a-t-elle ajouté, précisant que des avancées majeures ont été enregistrées dans le domaine de la législation en matière de prise en charge des familles des victimes du terrorisme, notamment sur le plan financier. « Si des progrès tangibles ont été enregistrés à travers le monde, il reste néanmoins beaucoup à faire en particulier pour l'obtention de la reconnaissance des victimes par les Etats, à travers un statut de victime (…), l'engagement de la communauté internationale devrait se traduire par un appui à l'action que mènent les associations avec peu de moyens pour assister les victimes (…). Ce qui nécessite la mobilisation de moyens humains et financiers pour une prise en charge effective des troubles psycho-traumatiques, de l'insertion socio-professionnelle plus particulièrement des orphelins et des enfants. » Une journée pour les victimes Pour une meilleure prise en charge des victimes, Mme Flici a appelé les participants à recourir aux avoirs gelés des personnes et des entités terroristes portées sur la liste récapitulative établie par la résolution 1267 adoptée en 1999 par le Conseil de sécurité de l'ONU. Une idée qui semble faire son chemin, d'autant que ces fonds ont servi, avant qu'ils ne soient bloqués, à l'organisation des attentats terroristes dans le monde. A la fin de son intervention, la représentante de l'Algérie a lancé un appel pour l'instauration d'une journée commémorative à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme. A signaler que la veille de cette rencontre, le sous-secrétaire général et président de l'équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, Robert Orr, avait déclaré à la presse que la sélection « équilibrée » des participants à ce symposium avait pris plus de 9 mois, précisant que les victimes seront présentes pour raconter leur histoire et les experts internationaux présenteront leur opinion sur le thème choisi. Il a expliqué que « les participants ont été sélectionnés après consultation avec les Etats membres dont ils sont respectivement originaires et avec des représentants de la société civile. L'objectif était de sélectionner des individus représentant le spectre le plus large possible de régions, de cultures et de religions, afin d'empêcher toute politisation de discussions portant prioritairement sur les moyens à mettre en œuvre pour venir efficacement en aide aux victimes du terrorisme ». A ce titre, M. Orr a ajouté que les 18 victimes ont été choisies notamment en fonction de leur degré d'engagement dans la défense de la cause des victimes du terrorisme. Les 18 victimes appelées à témoigner « forment un microcosme emblématique des diverses régions du monde où se manifeste avec violence le terrorisme (...). Elles ont été choisies en fonction de leur degré d'engagement dans la défense de la cause des victimes du terrorisme. Notre démarche se veut constructive. Ce qui explique le choix des personnalités qui, chacune à son niveau, sont devenues des défenseurs dans leur pays et au-delà des victimes du terrorisme ». Sur l'absence des victimes palestiniennes dans la liste des intervenants, M. Orr a déclaré que « dans les 16 instruments juridiques internationaux sur le terrorisme, il n'y avait aucune mention de la notion de terrorisme d'Etat », soulignant au passage que « l'observateur de la Palestine auprès des Nations unies avait été informé en même temps que les autres délégations du projet de symposium, il y a plusieurs mois ». M. Orr a noté par ailleurs que certaines absences, notamment de victimes palestiniennes, mais aussi afghanes, pakistanaises ou encore iraniennes, « étaient avant tout la conséquence des difficultés logistiques insurmontables rencontrées pour organiser l'acheminement d'éventuels participants depuis des pays où règne un climat particulier sur le plan sécuritaire », précisant que « des refus ont été enregistrés par le secrétariat ». Enfin, l'expert onusien de la lutte antiterroriste a relevé à la fin que 4 pays seulement, la Colombie, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, se sont portés volontaires, sans pour autant exercer une quelconque pression sur les personnes portées sur la liste des invités.