En effet, et malgré la relative accalmie qui règne sur le marché des fruits et légumes après les pics de rushes sur ces produits enregistrés la veille et au début de Ramadhan, la mercuriale demeure sensiblement brûlante. A présent, la cherté n'égale plus la hausse vertigineuse de la première semaine du carême, mais de l'avis même de plusieurs personnes interrogées, la spéculation est omniprésente au niveau de l'ensemble des souks. A titre d'illustration, les fruits et légumes, qui ont atteint des cimes inimaginables durant les premiers jours du mois de jeûne, à l'exemple de la salade qui a été vendue entre 100 et 120 DA, la tomate de 80 à 100 DA, la pomme de terre à 35, le piment et le poivron entre 80 et 100 DA et, pour couronner le tout, la plaquette de 30 oeufs cédée à 280 DA et plus, ces produits censés être de large consommation, sont en train de se stabiliser depuis quelque temps dans des proportions un tant soit peu raisonnables, mais pas assez pour ne pas susciter le mécontentement et l'indignation des ménages. Sont édifiants, à cet égard, le désappointement et la rage des nombreux pères de familles qui passent des heures à vadrouiller d'un étal à l'autre dans l'espoir de faire quelques économies, mais en vain. « C'est comme si les commerçants se sont donnés le mot d'ordre pour saigner à blanc les clients », a lancé un fonctionnaire qui crie sur tous les toits ne pas pouvoir assurer la bouffe de sa famille composée de quatre enfants et leur maman. « Où est l'Etat pour contrôler et réprimer ces barons de la spéculation, qui imposent leur diktat en plein mois de clémence et de miséricorde ? », rétorque un homme d'un certain âge. C'est l'exaspération totale chez les familles démunies, a-t-on constaté. La totalité des chefs de ménages aux revenus modestes essaient de se rabattre, pragmatisme oblige, sur les étals des marchands ambulants ou, traditionnellement, les tarifs sont largement abordables. Hélas, c'est cause perdue puisque ces derniers ont, à la faveur de la frénésie de la consommation régnante, pratiquement alignés leurs prix sur ceux des marchands « réguliers ». Période propice de profit et d'enrichissement facile, pour les uns, mois de gourmandise, de boulimie et de folie alimentaire, pour les autres, le mois de Ramadhan continuent, au gré des ans qui passent et qui reviennent, de servir les intérêts mesquins et mercantiles d'une faune de rapaces qui dictent, dans l'impunité absolue, leur « propre loi » à des consommateurs qui n'ont jamais su sur quel pied danser. Les barons de la spéculation outrancière sont pourtant identifiables, car tout le mal provient, c'est un secret de polichinelle, de la longue et tortueuse chaîne de distribution. Du producteur au fournisseur agricole, en passant par les mandataires, les grossistes et les détaillants s'entend.