Que n'a-t-on pas dit sur les augmentations des prix des produits de large consommation, et de l'implacable diktat des différents relais de la spéculation qui, devant l'effacement de l'autorité publique organisatrice et régulatrice du microcosme commercial, font la pluie et le beau temps. Cela dit, s'il est une interrogation qui taraude, au plus haut degré, le consommateur, c'est cette diabolique « logique » des prix prohibitifs, qui n'affichent aucun répit pour les bourses. « Traditionnellement, les augmentations portent sur les fruits et légumes, mais cette année, tout s'embrase. Il n'y a ni foi ni loi, ni Islam ». C'est là l'aveu pathétique d'un ancien ouvrier de la commune, qui jure mordicus nourrir une famille de huit membres avec une pension de retraite de 8 000 DA. En dépit de la cherté, l'engouement A Mila, et cela doit être pareil ailleurs, les marchés publics grouillent de monde, malgré la flambée des prix des produits de première nécessité. La fameuse patate demeure insaisissable, malgré l'annonce des importations massives destinées, selon la version officielle, à influer sur les prix vertigineux qu'a connus ce tubercule. En réalité, la pomme de terre n'a pas enregistrée une sensible accalmie au chapitre des prix, si ce n'est qu'elle a perdu quelques dinars, mais reste toujours proposée entre 50 et 60 DA. Le piment, le poivron et les courgettes, taxés à 80 DA, ainsi que la salade verte à 70 DA, complètent la configuration de la mercuriale endiablée qui prévaut un peu partout à Mila. Au fronton d'un commerce de fruits et légumes bien achalandé, une vieille dame portant manifestement mal le poids des années sur ses frêles épaules, et tenant à la main un sac vide, lance à la cantonade : « C'est à peine croyable. Ca fait presque deux heures que je déambule d'un étal à l'autre, sans pouvoir acheter quoi que ce soit. Chez l'épicier, le boucher, le marchand de volaille et le vendeur de légumes, l'embrasement des prix est quasi-total. Où va-t-on comme ça ? » Le pouvoir d'achat laminé L'émiettement continu du pouvoir d'achat, clamé par monts et par vaux, risque d'être un simple coup d'épée dans l'eau, tant que les pouvoirs publics cafouillent, dans l'incapacité de mettre en place des mécanismes palliatifs, afin d'atténuer l'acuité de cette inflation. La dégradation du pouvoir d'achat des citoyens et la précarité qui gagne du terrain sont, à moins que l'on veuille se voiler la face, perceptibles aux complaintes et aux sourdes récriminations de la plupart des chefs de famille qui peuplent les méandres et les allées des marchés et des grandes surfaces pour l'achat d'un minimum de denrées pour se sustenter. Pour s'en convaincre davantage, il n'y a qu'à risquer un œil sur la recrudescence du phénomène de la mendicité, sur les mères de famille qui vivotent de reliquats de légumes ramassés sur la place publique, et sur les enfants qui extirpent des bouts de pitance des poubelles et des décharges.