Pour une bonne partie des Algériens, le Ramadhan est synonyme de dépenses supplémentaires, voire de gaspillage. Souk Ahras, qui ne déroge pas à la règle, se transforme les jour en marché, et accueille la nuit-rentrée scolaire aidant- des centaines de personnes qui débarquent des quatre coins de la wilaya, en quête de trousseaux scolaires et autres effets vestimentaires. L'on râle à cause des prix des articles exposés par ici, l'on négocie par là, mais l'on finit par céder devant l'insistance des enfants et la peur des « qu'on dira-t-on » des voisins. Certains appréhendent leur passage à travers les rues commerçantes qui ne désemplissent d'ailleurs qu'au-delà de minuit et où se trouvent étalés des vêtements de premier choix à des prix exorbitants. La tentation est parfois plus grande que les moyens et les commerçants de Souk Ahras, convaincus que le lèche-vitrines est un client potentiel, gardent bien achalandés leurs articles. Ces sorties nocturnes se transforment, malgré soi, en retrouvailles et rencontres conviviales où l'on radote et l'on palabre surtout à propos de la déliquescence du pouvoir d'achat, de la rentrée scolaire, de la vague de chaleur suffocante qui traverse la région, de délestage et de politique. Mêmes sujets de discussion dans les cafés de la ville, bondés à craquer jusqu'à une heure avancée de la nuit. L'on y commente, également, le couffin du Ramadhan, la paupérisation, le chômage, le célibat prolongé, les scandales financiers et grandes affaire pendantes devant la justice. D'autres, encore, se réfugient dans une interminable partie de jeu de cartes ou de dominos. Des cafés à tradition dans le métier servent du thé à l'arôme d'antan. La disette culturelle qui caractérise la ville pendant onze mois rend durs les réflexes des familles devenues casanières malgré elles. Des efforts ont été pourtant déployés par les responsables du secteur. Les spectacles et pièces théâtrales programmés au niveau de l'espace de détente Badji Mokhtar et du théâtre Mustapha Kateb n'ont malheureusement pu drainer ni le public ciblé, ni le nombre requis pour des soirées ramadhanesques.