Le temps allait leur donner totalement raison parce qu'Israël contrôlait tous les accès de ce territoire. Et dire que de nombreux pays en avaient fait un évènement exceptionnel, voire historique, participant en toute connaissance de cause au travail de mystification. La même opération allait être engagée avec la Cisjordanie sauf que préalablement et contrairement à Ghaza qui n'avait que sa misère à offrir, Israël prévoyait d'acquérir de nouveaux territoires, et d'ailleurs, le plan de développement des colonies en est révélateur. Mais, venant de la bouche même du vice-Premier ministre israélien Shimon Peres, le plan de retrait unilatéral de Cisjordanie du Premier ministre Ehud Olmert n'avait plus de raison d'être. « Ce plan n'est plus. Il est fini politiquement, psychologiquement et concrètement », a déclaré l'ancien Premier ministre travailliste qui a rejoint le parti Kadima (centriste) de M. Olmert à la fin 2005. L'histoire retiendra que Shimon Peres est l'architecte du processus de colonisation, avant de changer de position et de préconiser une séparation avec les Palestiniens, craignant qu'Israël disparaisse en tant qu'Etat juif en raison du déficit démographique nettement en faveur des Palestiniens. « Il n'y aura pas, (en Cisjordanie), de répétition du retrait de Ghaza. Il n'y aura pas de démantèlement massif d'implantations » dans le cadre d'un plan unilatéral, a-t-il ajouté. Il a donné trois raisons pour lesquelles un retrait unilatéral est devenu impossible : la poursuite des tirs de roquettes depuis la bande de Ghaza après le retrait de l'armée en septembre 2005, les divisons internes palestiniennes qui font que « personne n'a d'autorité », et l'opinion publique en Israël qui est opposée à l'idée d'un « désengagement unilatéral ». M. Peres a préconisé, à la place, une « reprise des négociations avec l'OLP et son chef Mahmoud Abbas », le président palestinien, écartant tout dialogue avec le gouvernement palestinien sous direction du mouvement islamiste Hamas, vu qu'il « refuse de reconnaître l'existence d'Israël ». M. Olmert a lui-même admis en août que son plan de retrait unilatéral en Cisjordanie n'était plus à l'ordre du jour, suite aux ratés de la guerre au Liban. Il a estimé qu'il y avait trop peu de chances pour que l'opinion publique accepte ce plan après qu'Israël eut été frappé par des tirs de roquettes à partir de deux territoires dont l'armée s'était retirée unilatéralement : le Liban-sud, évacué en mai 2000, et la bande de Ghaza, évacuée en septembre 2005. Ce qui, en plus clair, veut dire qu'Israël renie ses propres engagements, lesquels ne faisaient en aucun cas l'unanimité. Un retrait partiel ne saurait se substituer valablement à un processus de paix sérieux négocié par les deux parties. C'est aussi la ruse à tous les niveaux de la réflexion israélienne. Négocier avec l'OLP revient à enterrer le dernier symbole du processus d'Oslo puisque l'Autorité palestinienne avec son gouvernement et ses institutions, en est issue, et qu'elle est reconnue comme telle de par le monde. D'ailleurs, le chef de la diplomatie italienne Massimo d'Alema a laissé entendre vendredi que l'Union européenne (UE) pourrait retirer ses observateurs de Rafah si ce terminal entre la bande de Ghaza et l'Egypte demeurait fermé. Le terminal de Rafah, seule fenêtre de la bande de Ghaza vers le monde extérieur, a été rouvert en novembre 2005, deux mois après le retrait israélien. Sa réouverture a fait l'objet d'un accord israélo-palestinien parrainé par les Etats-Unis et prévoyant notamment le déploiement dans le terminal d'une équipe d'observateurs européens. Le terminal a été fermé à plusieurs reprises, la plupart du temps à la demande de l'armée israélienne qui invoque des raisons de sécurité. De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié vendredi d'« inacceptable » l'arrestation par Israël de députés et de ministres palestiniens du Hamas, à l'issue d'une rencontre à Ramallah, en Cisjordanie, avec le président palestinien. Israël a arrêté 64 responsables du Hamas, dont huit ministres et 29 députés. M. Abbas a, pour sa part, affirmé que parmi les sujets évoqués avec le ministre russe, figurait une initiative que les pays arabes entendent présenter lors de la prochaine assemblée générale de l'Onu pour « réactiver le processus de paix sur la base des résolutions internationales ». M. Lavrov a affirmé sur ce point qu'il appuyait l'initiative de la Ligue arabe destinée « à briser l'impasse du processus de paix ». Le président de l'Autorité palestinienne s'est, par ailleurs, dit prêt à rencontrer, « sans condition », le Premier ministre israélien Ehud Olmert. « Tout comme le retour du soldat israélien dans sa famille est réclamé, nous avons 10 000 prisonniers qui doivent retourner dans leur famille », a-t-il dit. Voilà qui brise le silence autour de cette question à l'ordre du jour de toutes les discussions entre les deux parties, mais jamais réglée du fait de l'obstruction israélienne.