Israël a le mérite de la clarté. Il n'a jamais caché ses intentions criminelles, revendiquant une politique d'Etat portant sur des assassinats ciblés ou de masse, des destructions, ou des campagnes de terreur. Cette fois, c'est tout cela à la fois comme si Israël croyait finir avec le peuple palestinien toujours déterminé à lutter pour la satisfaction de ses droits nationaux. Pas ceux en tout cas qu'Israël accepterait de lui octroyer et on sait à l'avance ce qu'il en sera. Tout l'enjeu actuel est là et il n'y a nulle distinction à établir entre un militant du Hamas et un autre du Fatah, même si certains croient pouvoir dire que le premier mouvement aujourd'hui en charge des affaires palestiniennes depuis sa victoire aux élections législatives, du 25 janvier dernier, est plus que jamais dans le collimateur d'Israël qui a déjà assassiné son fondateur et ses premiers leaders. Il s'attaque cette fois à tous les symboles du pouvoir palestinien comme il l'a fait avec le défunt leader Yasser Arafat, y compris les bureaux du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, cible d'un raid aérien israélien. Cette attaque marque une nouvelle étape dans les pressions militaires exercées par l'Etat hébreu officiellement pour contraindre ce mouvement à agir pour la libération d'un soldat israélien enlevé dimanche dernier à la lisière de la bande de Ghaza, mais en vérité pour provoquer le chaos. « J'ai donné l'ordre à l'armée et aux forces de sécurité d'agir avec toute leur puissance pour poursuivre les terroristes, leurs idéologues et ceux qui leur offrent protection », a affirmé le Premier ministre Ehud Olmert à l'ouverture de la réunion hebdomadaire du gouvernement. « Nous ferons tout, je dis bien tout, pour libérer le soldat (...) Je le répète : personne ne sera épargné », a insisté M. Olmert. C'est donc un ordre de tuer et rien d'autre sans que ne réagisse la communauté internationale, parce qu'on n'attaque pas une autorité nationale, et il est inadmissible que ses représentants soient tout simplement kidnappés ou pris en otages. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Roni Bar-On, un proche de M. Olmert, a précisé qu'Israël allait poursuivre son forcing anti-palestinien. « Nous avons frappé le Hamas et nous continuerons à frapper toutes les institutions liées au Hamas », a prévenu M. Bar-On. « L'attaque contre le bureau d'Ismaïl Hanyieh s'inscrit dans le cadre de nos efforts visant à porter atteinte aux capacités du gouvernement du Hamas à contrôler la situation et à gouverner », a expliqué ce ministre. Arrivé peu après sur les lieux, Ismaïl Haniyeh a qualifié le raid d'« atteinte à un symbole palestinien ». « Nous demandons à la communauté internationale et à la Ligue arabe de prendre leurs responsabilités envers notre peuple et d'intervenir pour stopper cette agression », a-t-il lancé, qualifiant l'offensive israélienne de « politique insensée ». Israël avait menacé à plusieurs reprises ces derniers jours de s'en prendre à des responsables du Hamas, tenus pour responsables de l'enlèvement du caporal israélien. L'armée israélienne a mené un raid dans la nuit de jeudi à vendredi contre le ministère de l'Intérieur palestinien à Ghaza, causant d'importants dégâts. Un haut responsable à la présidence palestinienne avait déclaré samedi que la « vie » d'Ismaïl Haniyeh serait « en danger » si le soldat israélien n'était pas libéré. Ce n'est là que le prétexte. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'armée israélienne a également arrêté 64 ministres, députés, maires et autres responsables du Hamas en Cisjordanie. Plusieurs dirigeants israéliens ont également menacé ouvertement de s'attaquer à Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas, basé à Damas, présenté comme le « cerveau » de l'enlèvement d'un soldat israélien. Mechaâl est la bête noire d'Israël qui a déjà essayé de l'éliminer en 1997. Des agents du Mossad avaient alors tenté de l'empoisonner à Amman, mais l'opération avait tourné au fiasco ; deux agents israéliens se faisant capturer par les autorités jordaniennes. Un épisode de la politique criminelle d'Israél qui se poursuit dans une totale indifférence de la communauté internationale, et même une certaine complicité quand certains Etats viennent culpabiliser les Palestiniens.