Selon des estimations il y aurait entre 104 000 à 223 000 morts (civils et militaires) depuis mars 2003. Un grand nombre a été tué lors de bombardements aériens de la coalition. Huit membres d'une même famille, dont trois femmes, ont été tués, hier, par un bombardement aérien américain sur leur maison près de Tikrit, au nord de Baghdad, selon la police et des témoins. Le commandement de l'armée américaine à Baghdad a indiqué être en train de vérifier ces informations. « Huit personnes de la même famille, cinq hommes et trois femmes, ont été tuées par un bombardement aérien américain visant leur maison » avant l'aube dans le village d'Al Dour près de Tikrit, à 180 km au nord de Baghdad, a déclaré le lieutenant Firas Al Douri. Un enfant a également été blessé. « Vers 2h vendredi (23h GMT jeudi), la maison a été encerclée par les forces américaines puis, peu de temps après, bombardée par des hélicoptères américains », a déclaré un témoin, Abdel Karim Khalil Ibrahim, cousin de la famille visée par le raid, qui habite à 50 m de là. Sur place, de nombreux témoins et policiers ont raconté les mêmes faits. Al Dour est le village où s'était réfugié l'ancien président irakien Saddam Hussein et où il a été capturé le 13 décembre 2003 par l'armée américaine, qui le traquait depuis le début de l'invasion de l'Irak en mars de la même année. La maison bombardée, située près du Tigre, était habitée par Hassan Ali Hassan, un Irakien arrivé il y a trois ans de Baghdad pour fuir les violences interconfessionnelles. La violence en Irak, y compris celle imputable à la Force multinationale dirigée par les Etats-Unis et aux groupes paramilitaires, a provoqué la mort d'environ 95 000 civils depuis l'invasion américaine, selon le site internet indépendant Iraqi Body Count. En janvier dernier, le gouvernement irakien et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont publié des estimations allant de 104 000 à 223 000 morts (civils et militaires) depuis mars 2003. Un grand nombre a été tué lors de bombardements aériens de la coalition. Le commandement américain fait régulièrement état de l'ouverture d'enquêtes après des opérations ou incidents entraînant la mort de civils irakiens, mais les résultats de ces enquêtes sont très rarement rendus publics. Signalons qu'un soldat américain de 23 ans a été condamné, jeudi, par une cour martiale américaine en Allemagne à sept mois de prison pour son rôle dans l'assassinat de quatre détenus en Irak l'an dernier. Un juge avait requis 40 ans de réclusion. Le New York Times, s'appuyant sur la déposition de deux des trois accusés, précisait fin août que les victimes avaient été tuées par balles, alors qu'elles étaient menottées et portaient un bandeau sur les yeux. Par ailleurs, la Maison-Blanche a indiqué, jeudi, que les négociations avec le gouvernement irakien sur les termes de la présence à long terme de l'armée américaine se poursuivaient, mais s'est abstenue de tout autre commentaire. Le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, a déclaré, mercredi soir, que de « sérieux et dangereux obstacles » empêchaient toujours la signature d'un accord et a exhorté les Américains de répondre rapidement aux demandes irakiennes. « Nous allons continuer à discuter avec les Irakiens », a dit un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. Mais il s'est gardé d'en dire plus, refusant de « mener les négociations par voie de presse ». Baghdad et Washington ont jusqu'au 31 décembre pour s'entendre sur les conditions de la présence américaine. C'est à cette date qu'expire le mandat des Nations unies sous lequel opère la force multinationale et le gouvernement irakien a demandé qu'il ne soit pas renouvelé.