Le monde s'apprête à célébrer aujourd'hui la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer. Elle est célébrée pour la quinzième fois dans de nombreux pays qui tentent de trouver des solutions pour aider les malades et leurs proches à affronter la maladie. A l'occasion de cette journée, des communiqués de presse de différentes institutions sanitaires, à savoir les ministères de la Santé et celui de la Sécurité sociale sont diffusés. Qu'en est-il en Algérie ? Mis à part la jeune association constituée de proches des malades et des médecins spécialistes qui tentent d'en parler, personne ne parle des 100 000 Algériens souffrant de cette maladie. Ils sont livrés à eux-mêmes et les plus chanceux ont des familles et sont tant bien que mal accompagnés dans leur souffrance. Ces personnes dépendantes ne peuvent compter que sur leur famille qui elles aussi se retrouvent dans des situations insoutenables. Aucun programme national n'est consacré à cette frange de la société tombée dans les oubliettes, pourtant le nombre de malades croît de manière exponentielle. Le professeur Masmoudi, chef de service de neurologie au CHU de Bab El Oued, a estimé, lors d'une rencontre organisée l'année dernière par l'association, leur nombre à 100 000 en Algérie, soit 13% de l'ensemble des consultations en neuro-psychiatrie. Il a expliqué qu'une étude effectuée en 2004 par des neurologues et des psychologues a montré que parmi 3000 personnes (plus de 65 ans), qui se sont présentées au CHU de Bab El Oued pour diagnostic, 30% souffraient de troubles de la mémoire. Ce nombre est « appelé à augmenter », d'autant que l'espérance de vie des Algériens progresse (70 ans pour les hommes et 72 ans pour les femmes) du fait de l'amélioration des conditions de vie, a-t-il précisé. La femme est, en général, plus exposée à cette pathologie, a-t-il indiqué en rappelant que l'origine exacte de cette maladie n'a pas encore été identifiée. Néanmoins, elle peut être liée à d'autres maladies telles que le dysfonctionnement de la thyroïde, l'avitaminose ou encore la maladie de Parkinson. Si ce n'est le soutien des médecins traitants, les malades et leur famille sombrent dans le désespoir. Dans les consultations mémoire instaurées dans certains services de la capitale, à l'instar des hôpitaux de Bab El Oued, Mustapha, Aït Idir, Ben Aknoun et Blida, il a été permis de diagnostiquer précocement la maladie chez certaines personnes qui sont vite prises en charge. Ces consultations mémoire ne sont pas suffisantes selon le Dr Abada, car les malades et leurs proches nécessitent un accompagnement. « Depuis 2004, nous avons 400 malades en consultation mémoire qui se fait deux fois par semaine », a-t-elle signalé en plaidant pour l'accompagnement de ces malades qui doit, selon elle, se traduire par la création de centres de jour qui n'existent pas encore en Algérie. La maladie d'Alzheimer n'est pas encore, regrette-t-elle, reconnue au niveau des autorités sanitaires. Ces centres de jour vont assurer une prise en charge cognitive, musicothérapie et autres activités. « Cela permettra aussi de soulager les aidants qui ont aussi besoin de moments de liberté », a-t-elle souligné. Le Dr Abada a également mis l'accent sur la nécessité de renforcer la formation du personnel spécialisé et particulièrement les neuropsychologues qui assurent la consultation mémoire avec un neurologue spécialisé. « Les neuropsychologues font réellement défaut. La prise en charge ne peut pas être complète », a-t-elle indiqué tout en signalant qu'enfin, le traitement symptomatique est actuellement disponible en Algérie et il est remboursé par la sécurité sociale. Le Dr Abada a tenu à préciser que ce traitement permet de retarder l'évolution de la maladie et retarde les troubles du comportement. « Le malade participe mieux à la vie familiale et devient mieux réceptif », a-t-elle ajouté. Cette maladie neuro-dégénérative incurable, frappant 25 millions de personnes dans le monde, risque de connaître, selon les spécialistes, une véritable explosion en Algérie.