Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) a repris ses attaques contre les installations pétrolières au delta du Niger, dans le sud du Nigeria, après deux mois de trêve avec le gouvernement du président Umaru Yar'Adua. Dans la nuit de samedi à hier, il s'est en fait attaqué à un oléoduc détenu par les groupes Shell et Chevron. Il s'agit d'une attaque de «semonce», a indiqué le MEND à travers un communiqué transmis aux agences de presse par courriel. Le principal mouvement rebelle du delta du Niger a précisé que l'opération s'est déroulée dans l'Etat de Rivers à l'aide de cinq bateaux. Les 35 membres de l'équipage ont usé d'armes lourdes et de lance-roquettes, précise le communiqué. Le MEND a expliqué les raisons de cette soudaine rupture unilatérale de la trêve par la suspension «injustifiée» des discussions de la part du gouvernement qui a prétexté la maladie du président Umaru Yar'Adua, peut-on lire dans le texte en question. Le président nigérian est hospitalisé depuis le 23 novembre dernier en Arabie saoudite où il est soigné pour des problèmes cardiaques. Il avait proposé une amnistie pour tous les groupes rebelles opérant dans le delta du Niger en leur promettant en contrepartie une effective et meilleure prise en charge des problèmes socio-économiques de cette région riche en pétrole mais dont la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le MEND avait fini par accepter cette amnistie en décrétant un cessez-le-feu le 25 octobre dernier afin d'«encourager le dialogue» avec les autorités fédérales. Le début du dialogue avait été conditionné par la libération d'abord de tous les dirigeants du mouvement rebelle dont certains étaient des militants pacifistes avant de prendre les armes en raison de la répression dont ils avaient été victimes au milieu des années 1990 de la part de la dictature militaire de l'ancien président Sani Abacha. Mais après deux mois de trêve, l'absence de Yar'Adua pour cause de maladie risque de provoquer un nouvel embrasement dans la région. A ce propos, le mouvement rebelle a estimé et qualifié d'«inacceptable» un tel argument et a regretté que «l'avenir du delta du Niger soit lié à la santé et au bien-être d'un homme». Le MEND a expliqué hier dans son communiqué qu'il se donnait 30 jours pour décider de l'arrêt ou de la poursuite de son cessez-le-feu. Si la lutte armée reprenne, la production pétrolière connaîtra sûrement une nouvelle baisse. Pour rappel, les incessantes attaques des installations pétrolières au delta du Niger ont fait chuter la production pétrolière jusqu'à 1,5 de million de barils par jours après avoir atteint en 2006 le seuil de 2,6 mbj. L'accalmie de ces deux derniers mois avait permis à la production de remonter à 1,98 mbj, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie. L. M.