Rachid Hamdad, chef de bureau d'El Watan à Tiaret, disparu tragiquement le 20 septembre 2001, restera éternel non seulement par ses écrits journalistiques publiés dans les différentes rédactions qu'il a connues, mais surtout à travers le roman que sa veuve s'apprête à éditer à titre posthume. Intitulé La mort de Hamama, le bouquin retrace le destin tragique du personnage, Hamama, une femme qui se suicide en se jetant de la fenêtre de son appartement situé au cinquième étage. A travers ce court roman, l'auteur décrit des rêves brisés et détaille ce fait tragique dans sa moindre horreur. Les dernières lignes de La mort de Hamama étaient alignées en 2000 sans que l'œuvre ne soit achevée. Les 83 pages du roman sont un témoignage des drames quotidiens vécus par l'algérien durant les années 1990. Les deuils qui frappaient les différentes franges sociales, les menaces et les assassinats de journalistes ont poussé Rachid à fuir Tizi Ouzou en 1996, quelques mois après l'assassinat de son ami journaliste, Moh Achour Belghazli dont il prit le pseudonyme, Achour Bel, pour signer ses articles à El Watan. Une manière pour lui de défier les assassins. Avant de diriger le bureau d'El Watan de Tiaret dans laquelle il s'établit en 1996, Rachid Hamdad avait travaillé pour des hebdomadaires (L'Evènement, Le Pays, aujourd'hui disparus), des quotidiens (Alger Républicain et Le Matin, disparus également). Rachid Hamdad avait aussi une parfaite maîtrise de tamazight, une langue qu'il utilisa pour signer une chronique dans Le Pays qui publiait des pages dans cette langue. En juin 2001, la direction du journal l'envoie en Kabylie, théâtre d'événements sanglants, afin de faire des reportages à Béjaïa martyrisée par la répression des émeutiers. Journaliste dynamique, ce militant de tous les combats laisse une production littéraire qui commençait à fleurir. Car Rachid a également écrit des poèmes destinés à composer un recueil qui sera publié prochainement. L'édition de ces deux ouvrages, considérée comme un devoir de mémoire, prouve que la plume peut plonger un auteur dans la postérité, même si l'arme à feu que le pouvoir a mis entre les mains de Rachid pour se défendre contre les terroristes islamistes a eu raison de sa vie, accidentellement, en la manipulant. Il avait 39 ans.