Il y a quelque chose d'infiniment satisfaisant et rassurant chez ces citoyens qui tentent d'arracher à la grisaille du béton et à la morosité du ciment quelques îlots de verdure, une mince couverture végétale. Dans certains lotissements, des résidents s'acharnent à restaurer et à réhabiliter un lien avec la nature, que la bêtise a tôt fait de bannir et congédier. On plante des arbres. On essaie de refleurir des espaces, de mettre du vert, là où il est possible de le faire. Chassez le naturel, il revient au galop. Dans ces comportements et attitudes pour renouer avec le suprême bon sens, on décèle les prémices d'une espèce de « dissidence » à l'égard d'un environnement étouffant, stressant et souvent difficile à supporter. Dans ce qu'il est convenu d'appeler « cités-dortoirs », la tendance a toujours cédé au laisser-aller. Sous des prétextes absolument fallacieux, les « bâtisseurs » n'ont jamais jugé utile d'aménager des espaces verts, des aires de jeu et de loisirs pour le commun des mortels. L'heure était, semble-t-il, à l'urgence pour caser le bon peuple. On récolte, aujourd'hui, les conséquences d'un urbanisme anarchique, tellement étrange et singulier. Il suffit de déambuler au cœur des cités pour patauger dans la boue en hiver, la poussière envahissante en été. Il n'est jamais trop tard pour corriger les erreurs. Je ne veux pas monter en épingle une simple initiative de citoyens excédés par la grisaille ni faire mousser un propos pour si peu de chose. Mais secouer l'apathie en s'aménageant une modeste parcelle verte mérite qu'on en parle. Et même avec émerveillement.