Les premiers éléments du rapport sur l'Economie fondée sur la connaissance (EFC) seront élaborés fin novembre prochain, a annoncé, hier à Alger, le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed-Seghir Babes, lors des travaux d'un symposium organisé à cet effet. Le président du CNES a fait savoir que ce rapport, en voie de finalisation, « servira de document de base pour l'action du gouvernement dans le domaine de l'EFC », ajoutant que d'ores et déjà, « il a été institué, dans chaque département ministériel, un point focal de l'EFC sur décision du chef du gouvernement ». Pour M. Babes, cela dénote de « la prise de conscience » et de « l'importance du dossier » que le CNES a ouvert, non sans relever que des départements ministériels et autres institutions étatiques sont directement impliqués dans les travaux du comité ad hoc. Si pour M. Babes, l'EFC est « un challenge plus poignant, puisqu'il n'a concerné pour l'instant que des pays développés », pour Jean-Eric Aubert, expert de la Banque mondiale, qui accompagne le cnes dans l'élaboration du rapport, « les stratégies adoptées dans des pays avancés peuvent aussi réussir dans des pays pauvres et moins avancés ». Pour cet expert international, « l'EFC est aussi une économie fondée sur la créativité, la compétence et la clarté. L'Algérie a besoin de clarté après des années d'opacité ». Tout en estimant que le pays bouillonne de créativité et qu'il faut désormais savoir libérer les énergies, M. Aubert a indiqué que l'Etat doit être « le chef d'orchestre » pour libérer et engager un tel processus de changement. Pensé comme étant un nouveau paradigme de croissance et de développement économique, l'EFC qui se base sur l'immatériel dans la création d'une croissance est, de l'avis de beaucoup d'expert algériens, une nécessité pour l'après-pétrole en Algérie. Mais, il semblerait que la tâche est d'autant plus ardue, puisque de l'avis d'un autre expert de la Banque mondiale J. F. Rischard, l'Algérie a un effort à faire dans tous les piliers de l'EFC. Pour lui, les piliers les plus rapides à réaliser sont les technologies de l'information et de la communication (TIC) et le climat des affaires, alors que les plus lents sont l'éducation, les valeurs, la bonne gouvernance, etc. Or, estime cet expert de la BM, « le climat des affaires en Algérie n'a aucune excuse d'être aussi mauvais, puisqu'il caracole dans les derniers classements de la Banque mondiale ». En effet, le rapport annuel Doing Business, publié par la Banque mondiale, a classé l'Algérie à la 132e place en 2008 contre la 116e en 2006. Et à l'expert de la BM de recommander l'utilisation du secteur des TIC comme « catalyseur » des autres domaines pour avancer dans l'EFC. Intervenant sur le thème de l'EFC et les TIC, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Abdelhamid Bessalah, a dressé un état des lieux de son secteur qui, dit-il, est l'un des piliers de la stratégie adoptée pour l'EFC. Enumérant les progrès réalisés dans son secteur depuis 2000 à ce jour, et ce en matière de téléphonie, d'accès à internet, de fibres optiques et autres infrastructures et services offerts aux clients, le ministre a néanmoins fait remarquer les dysfonctionnements qui touchent son secteur, non sans dévoiler les axes de sa stratégie à l'horizon 2013. Face aux retards constatés dans un secteur clé de l'EFC, l'expert J. F. Rischard a suggéré, devant le refus du président de la République de créer des fonds souverains pour gérer l'argent du pétrole, la création d'un livret de comptes personnel pour tous les Algériens qui pourront financer ainsi « leurs retards numériques ». Un expert national a, quant à lui, estimé que l'Algérie est en pleine économie fondée sur la connaissance, puisque, a-t-il ironisé, pour tout acte d'investissement ou pour avoir un crédit bancaire, il faut toujours s'appuyer sur une « connaissance » !