Trois mille morts sur les routes depuis le début de l'année, le chiffre est assez spectaculaire pour que l'on se penche dessus. Alarmées, les autorités préconisent une modification du code de la route sans référendum, comme s'il s'agissait d'une vulgaire constitution. Mais tout le monde le sait, les dépassement dangereux, la conduite approximative et le non respect de la ligne continue sont des opérations qui se déroulent souvent devant des policiers ou gendarmes, qui dans la plupart des cas n'interviennent pas sauf s'ils sont expressément là pour ça, dans le cadre une opération de contrôle sur les routes. Ce qui ne règle donc rien. Car 3000 morts représentent près de 600 bombes du GSPC, 300 intoxications alimentaires ou 3000 suicides. Et il semble bien, même si les psychiatres n'ont pas encore jugé le cas digne d'intérêt, que ce soit une forme de suicide collectif. Comme si les Algériens voulaient en finir rapidement, sans attendre un troisième mandat, un attentat de passage ou une mort par déprime programmée, en maquillant leur suicide pour le faire passer pour un accident de voiture. Ce qui dans un autre registre, rappelle le vieux dicton sétifien qui dit que « celui qui ne meurt pas au volant n'est pas un homme. » Pourtant, il semble bien que Sétif n'ait rien à voir là-dedans et que ce soit surtout à l'Ouest que l'on recense le maximum de morts sur les routes. C'est précisément entre Mascara, Relizane, Tiaret et Béchar, que sont concentrées le gros des victimes depuis le début de l'année. Pourquoi l'Ouest ? Pour se venger de la taxe sur les véhicules de Ouyahia ? Parce que Cheb Khaled est parti ? Peu probable. Mais en ces temps de retour du régionalisme, il semble que l'Algérie ait adopté une division du travail, le pays se retrouvant segmenté en 3. A l'Ouest on meurt dans une voiture, à l'Est, on meurt en mer. Et au Sud bien sûr, on meurt d'ennui.