La fondation Friedrich Ebert réagit aux déclarations incendiaires du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Dans un communiqué rendu public jeudi, l'ONG allemande a qualifié de « surprenantes » et « infondées » les assertions de Sidi Saïd. Mardi dernier, en marge du symposium sur l'« économie fondée sur la connaissance » qui s'est tenu à Alger, le patron de l'UGTA a lancé une attaque en règle contre la fondation qu'il accuse d'« outrepasser ses prérogatives et missions en Algérie ». Réputée pour être l'une des rares, sinon la seule ONG à provoquer des débats sur les questions d'actualité, avec un volume de 25 séminaires par an, la fondation est dénoncée pour « ingérence » dans les affaires internes du pays. « Lors de certaines conférences, déclarait le SG de l'UGTA, elle (la fondation) va même jusqu'à apporter des jugements de valeur sur les différentes actions du pays, que ce soit dans le domaine social ou économique. » Lors de récentes conférences-débats organisées au siège de la fondation à Alger, les professeurs algériens Nacer Eddine Hamouda et Abdelmadjid Bouzidi ont vertement remis en cause la politique de l'emploi du gouvernement et le taux de chômage officiel (11,8 %) qui ne correspondait pas, selon eux, à la réalité. Ce qui n'a décidément pas été du goût du syndicaliste fonctionnaire. Non content, Sidi Saïd le fait savoir. Il ira même jusqu'à interpeller les autorités en vue de l'expulsion de la fondation. « La présence de cette fondation en Algérie doit être reconsidérée », estimait-il. Armin Hasmann, représentant de la fondation à Alger, a fait part, dans une déclaration transmise à El Watan, de sa « surprise ». Les déclarations de Sidi Saïd sont, selon Armin Hasmann, « surprenantes » au regard du rôle reconnu à la fondation pendant la révolution algérienne et du soutien particulier qu'elle avait apporté à l'UGTA dès sa création. Pour rafraîchir davantage la mémoire déficiente du SG de l'UGTA, le représentant de la fondation rappellera – sans trop s'appesantir – l'« hommage » rendu par de hauts responsables algériens à Hans Jurgen Wischewski, ancien ministre ouest-allemand qui s'est fait l'avocat de la cause algérienne et a aidé l'Algérie libre dans sa reconstruction. Armin Hasmann précise, par ailleurs, que la fondation « n'a jamais émis un quelconque jugement de valeur ni sur les questions économiques, sociales et syndicales, ni sur les personnes ». Hasmann juge « infondée » une telle accusation, tout comme il récuse le grief selon0des questions d'actualité et d'alimenter des débats publics s'inscrit, selon Hasmann, dans les « missions » de la fondation, à savoir le « renforcement de la démocratie ». « Au-delà des réactions que peuvent susciter conjoncturellement ses activités, la fondation s'est toujours considérée – et se considérera encore – comme une amie de l'Algérie », conclut amèrement le responsable de la fondation Friedrich Ebert à Alger.