A quelques jours de la fête de l'Aïd El Fitr, une occasion qu'attendent les musulmans du monde entier pour enterrer leurs malentendus, les Palestiniens ne semblent pas du tout proches d'entamer une telle démarche. Bien au contraire, ils sont aujourd'hui plus divisés que jamais. Ghaza : De notre correspondant Avant même que la Palestine ne soit libre et indépendante, les Palestiniens ou plutôt un groupe d'entre eux ont forcé un partage de cette géographie déjà démunie de continuité territoriale, puisque les deux ailes des territoires palestiniens, la bande de ghaza et la Cisjordanie occupée, sont séparées par des terres qui font partie intégrante de l'Etat d'Israël, par référence aux statuts de la légitimité internationale. En Palestine, il y a un seul président, du moins jusqu'à maintenant, mais il y a deux gouvernements. Comme le mandat présidentiel prend fin au mois de janvier prochain, le mouvement islamiste, qui ne reconnaît la légitimité du président que verbalement, menace de proclamer Ahmed Bahar, président du clp par intérim, comme nouveau président, au cas où le vote pour les présidentielles ne sera pas organisé dans les délais. Dans ce dossier, le président Abbas, qui affirme qu'il ne prendra aucune décision en contradiction avec la loi, souhaite des élections présidentielles et législatives anticipées. Malgré cette situation, pleine de sang et d'humiliation, le mouvement Fatah et le président Abbas ne cessent d'espérer que le mouvement Hamas revienne à la raison en acceptant d'aller au dialogue inter-palestinien, parrainé par l'Egypte et la Ligue arabe. Depuis, les Etats-Unis, où il est en visite officielle, le président palestinien a déclaré qu'il était en faveur du dialogue inter-palestinien y compris avec le mouvement Hamas. « Malgré le sang qui a coulé à cause de ce qu'a fait le Hamas, nous le considérons partie intégrante du peuple palestinien et nous agissons sur cette base ; pour ce, nous sommes décidés à dialoguer pour réaliser la réconciliation nationale », a déclaré Abbas devant des représentants de la diaspora palestinienne vivant aux Etats-Unis. Malheureusement, les déclarations des responsables hamsaouis ne sont pas au même niveau. Ismaïl Haniyeh, un des hauts responsables du Hamas et Premier ministre, démis par Abbas, vient de déclarer que « la voie du dialogue n'était pas libre », ce qui a été jugé comme une entrave au dialogue avant son lancement. Le mouvement islamiste ne cesse de chercher des prétextes qui lui permettent de fuir le dialogue pour le retarder au maximum. une fois, c'est la grève que certains syndicats organisent pour réclamer certains droits ou pour manifester leurs refus de certaines décisions abusives prises par les ministères du Hamas à l'encontre de certains fonctionnaires. une autre fois, c'est le refus par Ramallah d'envoyer des passeports pour les Ghazaouis. Une déclaration d'un quelconque responsable du Fatah ou de l'autorité palestinienne, qui ne plaît pas aux responsables du Hamas, peut aussi constituer un prétexte pour ne pas dialoguer. Dans la bande de Ghaza, soumise à un embargo féroce, imposé par Israël, le Hamas fait tout pour faire respecter l'accalmie conclue avec l'Etat hébreu, par le biais de l'Egypte, allant jusqu'à punir toute personne qui tente une quelconque action contre le territoire de l'Etat hébreu, alors que dans un passé récent, tout appel à une trêve était considéré par le même mouvement comme haute trahison. Jadis, tirer une roquette, qui généralement n'entraîne ni dégât humain ni matériel contre le territoire israélien, était perçu par le Hamas comme un acte révolutionnaire aujourd'hui, le même mouvement traite de collaborateur toute personne responsable de tels actes. Le mouvement islamiste Hamas, coupable de plusieurs tueries avant et depuis son contrôle de la bande de Ghaza, se vante d'avoir mis fin au chaos sécuritaire qui régnait du temps de l'Autorité palestinienne. Ses services sécuritaires, pour un motif ou un autre, ne lésinent pas sur les moyens pour faire comprendre à tous qu'il est le seul maître à bord. Deux clans familiaux, l'un proche du mouvement Fatah et l'autre plutôt du Hamas lui-même, l'ont su à leurs dépens, puisque chacun d'entre eux a perdu des dizaines d'éléments, tués ou blessés dans des batailles déséquilibrées contre les forces sécuritaires du mouvement. pour le mouvement Hamas, Israël semble passer de la position d'ennemi numéro un à une position derrière celle du Fatah et de l'Organisation de libération de la palestine, reconnue par le monde entier comme le seul représentant légitime du peuple palestinien. Cette situation, qu'Israël fait tout pour maintenir, lui a donné des ailes sur le plan international, où il ne subit aucune sorte de pression pour un règlement juste de la question palestinienne. Le Hamas – dont la popularité a sensiblement baissé suite au putsch armé, qui réclamait la libération de l'ensemble de la Palestine historique par le biais de la lutte armée – se contente, aujourd'hui, de la bande de Ghaza, une grande prison à ciel ouvert. Divisés, les Palestiniens et surtout le mouvement islamiste Hamas enterrent de leurs mains tout espoir de mettre un terme à l'occupation, la seule et véritable entrave à leur émancipation.