Les locataires de la rue Gao, au port d'Alger, semblent décidés à mener la fronde, en mettant en place un blog. http://ruedegao.blogspot.com/ est l'adresse choisie par des concepteurs qui n'agissent pas, relève-t-on, à visage découvert. Peur de représailles ? Peut-être, répondra tout sourire l'un deux. Cette manière de faire inaugure-elle une forme de résistance plus soft et moins violente à toute forme d'oppression ? Tout semble l'indiquer. Finis les rassemblements sur les places publiques, les pouvoirs publics en ont décidé ainsi depuis bien longtemps. Mais ces mêmes pouvoirs peuvent-ils interdire les « rassemblements » et autres forums sur la Toile ? Les bloggeurs, qui sont concernés par l'opération de relogement ayant touché les occupants des logements ceinturant le port, ne le pensent pas. « Nous saluons l'opération d'enlèvement des marchandises en souffrance au port d'Alger, mais ceci ne justifie nullement la manière de déloger les habitants, dont le traitement est réduit à celui des marchandises. 48 h à l'avance, les familles, habitant entre le lot 53 et la cité Gao, ont été averties verbalement qu'elles allaient être déménagées le 24 septembre 2008, sans leur préciser l'endroit ni le type de logement dont elles vont bénéficier », peut-on lire dans un support adopté par des jeunes qui dénoncent le black-out autour d'une opération, dont ils ne contestent pourtant pas le fondement. Mais le timing si. Les bloggeurs, qui ont lancé ce site « perso », l'alimentent à chaque fois avec des données liées à l'opération qui concerne leur cité et des données sur la destination probable qui leur aurait été réservée. Le site dépouillé et ne payant pas de mine, est ce qui leur reste face à l'injustice des hommes, assurent-ils.