C'est kinder surprise, on ne sait rien du sort qui nous est réservé. L'opération de relogement des habitants du port a commencé il y a quelques jours, et l'on ne sait pas ce qui va en ressortir. » Le mot bien senti est d'un locataire de la rue Gao qui n'en peut plus de « subir » les ouï-dire persistants. Ces locataires, qui se savent depuis un moment en sursis, habitaient ces immeubles appartenant à la direction du port depuis plus de trente ans pour certains. « Je possède un logement de 120 m2 et des garages de 36 m2, la contrepartie ne pourrait jamais me satisfaire, surtout si la destination est l'une de ces tours d'habitation de la périphérie de la capitale », relève-t-il en soulignant que « l'opération de relogement s'est déroulée en trois temps : la toute dernière concernera leurs immeubles de la rue Gao que nous occupons. » Les autorités ont jeté leur dévolu, dans un premier temps, sur le site baraquements situé en retrait du port. Le même sort fut réservé au deuxième lot 53 où une quarantaine de résidants furent délogés manu militari mardi dernier et rien ne leur était concédé. Une échauffourée avec quelques locataires s'en est suivie, mais sans conséquences. L'un des résidants, orphelin de père, décida, assurent ceux qui le connaissent, de « résister à ce départ forcé ». Se trouvant avec sa femme enceinte, il fut délogé et se retrouve ainsi à la rue. « Les menaces des agents de l'APC et de la daïra de faire intervenir la police et de le chasser de force ainsi que sa femme mirent à bout leur volonté. » Désormais, le couple est à la rue, relève-t-on. Même sort pour ses frères qui ont « bénéficié » d'un F2, « trop étroit pour contenir les membres de la famille ». « La commune d'Alger-centre a relogé les locataires du lot 53, dans des logements sociaux à deux pièces cuisine F2, paraît-il sans eau ni gaz », peut-on lire dans un blog mis en place par des résidants (voir ci-contre). L'opération décidée en haut lieu n'a pu prendre fin que dans la soirée. Aussitôt, les maisons ont été détruites, de crainte, semble-t-il, d'être occupées de nouveau. L'Apc d'Alger-centre qui s'est chargée de l'opération a envoyé à chaque locataire un papier sans en-tête faisant le listing des papiers du dossier. « Rien de plus, à l'Apc où se sont déplacés les habitants, et à la wilaya, aucun ne veut nous donner des informations sur l'opération. C'est en somme le black-out », s'est-on vu entendre dire sur place. L'opportunité d'une telle opération ne laisse pas également de faire réagir. « Ce n'est pas au mois de Ramadhan que nous devons être délogés. Ce mois est sacré pour nos familles. Les habitants n'étaient destinataires d'aucune mise en demeure. Les habitants n'attendent que l'heure où les forces de l'ordre et les gens de la mairie débarqueront », déplorent les résidants qui assurent que DP World, géant mondial des compagnies portuaires, devant s'installer au port d'Alger, serait la raison de ce remue-ménage. L'opération de « sécurisation » a été entamée par la démolition des baraques ; les occupants du deuxième lot situé, en grande partie, à l'intérieur du port ont connu le même sort une semaine après. La circulaire 1902 du 18 août dernier portant sur la sécurisation de tout le port et l'aéroport d'Alger a été prise par le ministère de l'Intérieur. Les subordonnés du ministère ne semblent pas décidés à badiner avec cette décision appliquée, assurent des locataires, avec zèle.