Tout porte à croire que la nouvelle équipe du ministère de l'Agriculture est fermement engagée dans sa volonté d'insuffler une nouvelle dynamique à l'économie agricole. Des mesures sont ainsi prises aussi bien en faveur qu'en défaveur de l'agriculteur. C'est une nuée d'avantages qui est accordée en terme de fiscalité, dont les exonérations sur divers produits et intrants, et de financements incitatifs avec notamment la création de nouveaux fonds d'aides. Cette volonté d'aider et de soutenir le travailleur de la terre s'est notamment traduite sur le terrain par la récente mise en œuvre d'un système de régulation des produits de large consommation afin de protéger les revenus des agriculteurs. « Ces opérations auront pour effet d'encourager les agriculteurs à moderniser leurs exploitations et à mieux planifier leurs activités de production ; elles auront aussi pour conséquence de les sécuriser dans la mesure où ils sentiront que l'Etat protège et accompagne les efforts qu'ils fournissent, à leur profit comme à celui de la collectivité nationale », est-il, en effet, écrit dans la note adressée le 24 juillet dernier aux différentes institutions agricoles locales. De l'autre côté, c'est l'agriculteur qui peut être exproprié de sa terre si celle-ci est sous-exploitée ou carrément inexploitée, voire utilisée à d'autres fins. C'est du moins ce qui ressort de l'instruction dont viennent d'être destinataires les directeurs des services agricoles (DSA). Ceux-ci ont été appelés à appliquer dans toute leur rigueur les dispositions de la loi 19/87 qui prévoit l'expropriation des terres agricoles à l'encontre de leurs bénéficiaires quelle que soit la nature juridique de l'exploitation. Ceux ayant transformé en terrains à bâtir, mis en sous-location, abandonné ou utilisé les terres à d'autres fins qu'agricoles sont particulièrement ciblés par l'instruction en question. « Nous avons été fermement instruits d'appliquer les dispositions de la loi 19/87 dans toute sa rigueur ; le contrat d'exploitation de la terre peut être annulé si elle n'est pas exploitée dans des activités agricoles. Les instructions que nous avons reçues n'ont jamais été aussi fermes », affirme Ramdane Harzallah, président de la Chambre d'agriculture de Annaba (CAA) où l'affolement était clairement perceptible sur les visages au sein de la corporation agricole, d'autant que l'instruction ministérielle confère aux délégués agricoles communaux l'habilitation de rédiger eux-mêmes les rapports afférents aux cas d'abandon de la terre et de les transmettre aux DAS. Ces derniers doivent aussitôt entamer les procédures d'expropriation avec la mise en place préalable de commissions chargées de faire le point sur les exploitations agricoles inexploitées. Combien seront celles-ci après l'opération de recensement qui sera engagée dans quelques jours ? Car, actuellement, le tissu agricole de Annaba est l'un des plus riches du pays. Il se décline en 4 726 exploitations agricoles dont 469 EAC et plus de 3040 privées, totalisant une superficie agricole utile (SAU) de l'ordre de 48 177 ha. Les concessions forestières sont, quant à elles, au nombre de 704. En somme, la superficie agricole à Annaba s'étale sur 133 972 ha.