Après plusieurs jours de jeûne, le mois de Ramadhan tire à sa fin et la wilaya de Blida a sombré dans une ambiance chaotique tout au long de cette période. Ce phénomène s'accentue davantage à l'approche de l'Aïd El Fitr. Loin de faire le best of ou le bêtisier, le mois de Ramadhan était caractérisé par les bagarres, les crises de faim et de nerfs concrétisés par des comportements agressifs et surtout par les marchands ambulants vendant de la zlabia, du kelb ellouz et de la pâtisserie à même le sol dans les étroites ruelles de la ville. Face à la salubrité qui a fait défaut durant tout ce mois, ces gâteaux très prisés étaient exposés sur des brouettes et des étals de fortune supportant les changements climatiques et les nuages d'abeilles et de mouches. Ce qui est aberrant est la passivité des autorités qui ont omis d'agir pour mettre fin à tous ces dépassements qui risquent de porter préjudice aux citoyens inconscients et en mal de creux de ventre. Les cas d'intoxications alimentaires causées par une simple crème pâtissière et qui ont induit plusieurs hospitalisations en urgence enregistrées dans plusieurs wilayas du pays doivent être prises en considération. En cette période de « pré Aïd », les familles qui ne sont pas encore sorties de l'auberge des dépenses du mois de Ramadhan et de la rentrée scolaire se retrouvent embarrassées devant les folles dépenses de l'Aïd. L'achat des vêtements pour les petits comme pour les grands et les ingrédients nécessaires pour la préparation des gâteaux est une autre nécessité pour pouvoir « se vanter » et se réjouir de cette occasion en famille et entre amis. Comme il n'y a jamais deux sans trois, cette tornade de dépenses met à mal le budget des chefs de famille. Ces derniers font tôt le matin la queue devant les bureaux de poste afin de retirer leurs maigres salaires, en espérant trouver des primes ou quelques dinars en plus. En ces jours de joie, certains pères de familles se retrouvent obligés de recourir aux magasins de fripes et aux marchandises chinoises de basse qualité, cédées à des prix alléchants pour pouvoir satisfaire leurs chérubins. Prenant contact avec un propriétaire d'une friperie, ce dernier nous dira que le « chiffon » importé d'Europe est de plus en plus demandé par les pauvres, mais également par les riches en ces quelques jours précédant l'Aïd. Mis à part la fripe dont les prix oscillent entre 10 et 500 DA la pièce, la marchandise chinoise reste la reine des marchés formels et informels. « Je sais que cette marchandise est de mauvaise qualité. Mais vu mes moyens et vu qu'elle est cédée à des prix défiant toute concurrence, je n'ai guère le choix… », dira une citoyenne qui faisait du lèche-vitrine à la rue des frères Chouiet (ex-rue Abdallah). Malgré le désordre et l'anarchie qui gagnent du terrain, la tempête des dépenses, les produits chinois et le haillon importé d'Europe, les Blidéens perdent la boussole. En espérant des jours meilleurs, ils commencent déjà à se souhaiter un joyeux Aïd.