Tous les Algériens espèrent en secret que l'Aïd tombera samedi. Tous, ou presque. Depuis que l'association Sirius a annoncé l'Aïd el Fitr pour samedi, personne n'ose démentir, ou douter véritablement, de son jugement: car partout, dans les files d'attente aux guichets des banques, dans les couloirs des entreprises ou autour des tables familiales, on veut croire à cette bonne étoile qui prédit une apparition de la lune au bon moment. «L'Aïd sera nécessairement le samedi 13 octobre en Algérie», a précisé l'association Sirius, dans un communiqué, sûre d'un Ramadhan de 30 jours. Si ses estimations se révèlent exactes, la plupart des Algériens chômeront donc quatre jours consécutifs. Certains Algérois partiraient ainsi dès le mercredi soir vers leur région natale, pour y rester paisiblement jusqu'au dimanche. Dans les organes de presse où l'on ne se repose habituellement que le jeudi, ce serait alors l'occasion rêvée de faire le pont, et la joie de l'ultime rupture du jeûne deviendrait presque exponentielle. «Je partirais en Kabylie dès mercredi, pour profiter d' un véritable petit séjour», espère une consoeur, les yeux brillants. «Ce serait une fin de Ramadhan bien méritée, avec quatre jours de calme et de respiration», estime une employée de bureau. Donc, si l'Aïd tombe effectivement samedi, ce qui sera tranché jeudi, lors de la nuit du doute, par le comité des croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses pas de doute, les Algériens jubileront. Cependant, du côté des entreprises, notamment étrangères, certains tempèrent ces espérances, et souhaiteraient même que la fête de l'Aïd el Fitr ne s'étire pas trop en longueur. S'ils pouvaient d'ailleurs choisir entre les différentes prédictions, ils opteraient certainement pour celle du professeur Loth Bonatiro, pour qui «le 1er Choual 1428, qui correspond au premier jour de l'Aïd, sera le vendredi 12 octobre 2007». Déjà soucieux du ralentissement du rythme de travail en période de Ramadhan, d'une baisse de productivité évidente, des cadres d'entreprises ont hâte que ce mois finisse, pour que les énergies soient enfin décuplées. «Déjà, on a l'impression de ne pas avoir fait grand-chose pendant un mois, et nous sommes pénalisés au niveau des délais», explique un ingénieur européen, qui travaille chez Alstom à Alger. «Nous avons pris des retards monstrueux, et pour l'avancée des projets, c'est sûr que nous préfèrerions que l'Aïd soit plus court.» Plus court, plus long, quel que soit le verdict longuement attendu, l'Aïd aura du moins alimenté les discussions, avant même de nourrir les jeûneurs.