Triste destinée que celle de cette vingtaine de squatters parqués aujourd'hui au fort Turk, à Draâ El Bordj et qui, pour avoir fait d'eux un groupe social à part les voue irrévocablement à des déplacements sans fin. Un premier déplacement les avait déjà menés de la cité 140 Logements et celle en face de l'hôtel Nassim, squattées en juin 2001, au parc communal de Bouira. Le recours à la force publique a été nécessaire pour exécuter la décision de justice ordonnant leur évacuation des lieux squattés. Au parc communal, les indus occupants, à qui cette étiquette sera collée définitivement, ne devaient pas y rester plus de deux jours. Sur ordre des autorités locales, ils quittaient cet endroit pour le fort Turk, situé sur une éminence qui domine la ville, Draâ El Bordj. Au cœur de cet ouvrage de fortification en ruine, ont essaimé près d'une trentaine de tentes en plastiques et c'est sous ces toits précaires que les squatters ont affronté la rigueur des deux derniers hivers et s'apprêtent à faire face à celle d'un troisième. Mais il y a peu de chance qu'ils le passent au fort Turk, considéré comme partie du patrimoine culturel de la wilaya. Une décision de justice rendue dernièrement sera exécutée au bout de 17 jours. Envisageant cette nouvelle expulsion qui leur paraît inévitable, quelques mères de famille s'inquiètent pour la scolarité de leurs enfants. « Où iront-ils, demandent-elles, lorsque nous serons expulsés d'ici ? » Les hommes, eux, ont pensé à un sit-in sans fin devant le siège de la wilaya et en même temps à la grève de la faim pour protester contre une telle décision . « Nous demandons le minimum, dira un d'eux, qu'on fasse une enquête pour savoir si nous ouvrons droit à un logement ou non. »