La Chambre des représentants américains a rejeté hier le plan de sauvetage des banques préparé par l'administration Bush, provoquant une nouvelle chute de Wall Street déjà déstabilisée par la débâcle de la banque Wachovia. Par 228 voix contre et 205 pour, les représentants ont refusé de débloquer les 700 milliards de dollars que le secrétaire au Trésor Henry Paulson réclamait pour éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier. Ce vote, inattendu au lendemain d'un accord entre l'administration et les principaux dirigeants du Congrès, a fait plonger la Bourse de New York, qui reculait de 5,03% à 14H30 locales (18H30 GMT). A la faveur de ce plan de sauvetage, l'Etat américain devait racheter 700 milliards d'actifs douteux liés au crédit hypothécaire. Appelé « Loi de stabilisation économique d'urgence », ce projet vise à « fournir immédiatement le pouvoir et les moyens dont le secrétaire au Trésor pourra faire usage pour rétablir la liquidité et la stabilité du système financier des Etats-Unis ». Le plan de sauvetage doit être mis en œuvre de sorte à protéger la valeur de l'épargne et des biens immobiliers des contribuables, préserver la propriété, promouvoir la croissance économique et maximiser le retour sur investissement. Le projet de loi pose une limite dans le temps au plan de sauvetage, au 31 décembre 2009. L'onde de choc continuait hier à secouer les places financières du vieux continent. Au Royaume-Uni d'abord, la banque Bradford and Bingley (B&B), qui va être en partie vendue à Santander, le reste de ses actifs étant nationalisé, est le quatrième établissement britannique à perdre son indépendance depuis le début de la crise internationale du subprime en août 2007, après Northern Rock, Alliance and Leicester et HBOS qui va être achetée par sa rivale Lloyds TSB. Dimanche soir, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont annoncé à l'issue d'une entrevue de crise la nationalisation partielle du bancassureur Fortis en apportant 11,2 milliards d'euros. Au Danemark, la banque Roskilde Bank a été rachetée par trois instituts financiers et Bonus Bank par Vestjysk Bank qui fusionne avec un autre institut régional. La banque allemande Hypo Real Estate (HRE) a décroché in extremis une ligne de crédit de « plusieurs milliards d'euros » auprès d'un consortium de banques allemandes qui lui permet d'éviter la faillite. L'Etat belge s'est dit prêt à soutenir également la banque franco-belge Dexia, comme elle l'a fait avec Fortis, en cas de difficultés, a indiqué hier le ministre belge des Finances, Didier Reynders, alors que le cours en Bourse de Dexia chutait (de plus de 29%). La Banque centrale européenne (BCE), quant à elle, continue d'abreuver les marchés monétaires de liquidités permettant ainsi aux banques de se refinancer et évitant une pénurie du crédit préjudiciable à l'économie. La BCE prévoit d'allouer 30 milliards de dollars sur le marché monétaire dans le cadre de ses opérations concertées avec la Réserve fédérale américaine. Hier, la Banque centrale européenne a de nouveau abreuvé le marché monétaire en injectant 120 milliards d'euros à la disposition des établissements. La BCE a injecté des liquidités sur fond de défaillances bancaires en Europe dans le cadre d'une opération de refinancement spéciale, d'une maturité de 38 jours. Néanmoins, la chute continuait de marquer hier les trois principales places boursières européennes, Paris, Londres et Francfort. Celles-ci évoluaient en forte baisse dans la journée d'hier. Le Footsie cédait 2,22% à Londres, le Dax abandonnait 2,31% à Francfort, et le CAC 40 lâchait 3,11% à Paris. Le président français, Nicolas Sarkozy, a indiqué hier qu'une réunion de préparation d'un sommet pour la « refondation du système financier international » allait se tenir à Paris avec des hauts responsables européens. En Asie également, les bourses étaient circonspectes sur l'efficacité du plan américain. La Bourse de Tokyo, à titre d'exemple, a perdu 1,26% et celle de Hong Kong 4,3%.