Malgré les consignes relatives au respect d'un service minimum à l'occasion des jours fériés, qui ont été instruites par le ministère du Commerce et adressées aux responsables concernés dans chaque wilaya du pays pour leur application, les commerçants, notamment les boulangers, n'ont fait qu'à leur tête. Cet état de fait a été à l'origine d'une véritable spéculation sur les produits alimentaires à large consommation, en particulier le pain et le lait. La baguette de pain a été cédée en certains endroits à presque trois fois son prix réel par les trabendistes. Ces derniers se sont approvisionnés tôt le matin du premier jour des fêtes chez certaines boulangeries qui n'ont ouvert que le temps de liquider une fournée. Pour être sûrs d'imposer leur diktat, des revendeurs zélés ont même installé leurs tréteaux de fortune à proximité des boulangeries, évidemment fermées. Manifestement, certains boulangers étaient de connivence avec les revendeurs et c'est comme toujours le consommateur qui a été le dindon de la farce malgré lui. La fermeture des établissements de commerce versés dans l'alimentation générale a également été mise à profit par certains commerçants pour fourguer des produits dont la date d'expiration était dépassée. « A prendre ou à laisser », était la phrase souvent usitée par ces gérants de commerce pour répondre à la remarque du client. « J'ai fait le tour de la ville à la recherche d'une boulangerie ouverte. J'ai été finalement obligé d'acheter mon pain chez des revendeurs de la rue des Aurès à 25 dinars la baguette », a affirmé avec dépit un père de famille.