A se situer à l'échelle astronomique, la nuit du 21 décembre serait la plus étendue sur les espaces temporels, la plus émotionnellement et aussi durablement vécue, sans conteste, serait-elle celle de la veille de la fête de l'Aïd El Fitr ? Dans ce sens, les nuits ramadhanesques, dans la ville des Roses et ses environs, si vivantes soient-elles, ne sont pas en droit de surplomber en endurance d'éveil, en suractivité de branle-bas de préparatifs pour entamer une autre phase de la révolution lunaire, la nuit de la veille de la fête de l'Aïd El Fitr. Pour croiser le fer avec le somme et tenir jusqu'au petit matin en égrénant en pente douce ces heures de joie jusqu'au petit jour, des sucreries, du thé et du café, sur fond de brouhaha de ménagères employées aux derniers coups de pincettes agrémentant toutes sortes de « coulées » mielleuses, quelques semouleries confectionnées en pâte de délices, sont gaiement servies. A l'extérieur, il est 1h passée et les cafés grouillaient encore de monde, mercredi dernier. Les transporteurs, dans des va-et-vient incessants, continuaient de relier, en toile d'araignée, le chef-lieu avec les autres centres urbains de la wilaya de Blida. Certaines personnes, dispatchées en groupes dans les artères des quartiers, grignotaient en discutant de tout et de rien, les derniers sursauts de l'aiguille du mois de jeûne. D'autres faisaient la queue leu leu pour récupérer auprès de leur fournier leur carré de baqlaoua, tcharak, maqroûtes... D'autres encore attendaient leur tour pour se « looker » de leur coiffure préférée dans des salons bondés de monde jusqu'à l'aube. Les achats de la dernière minute faisaient encore fureur à deux heures du matin où les prix étaient « bien sacrifiés ». Chaque quartier, chaque petite rue grouillait de sa propre vie. C'était la nuit, synonyme d'aubaine pour les coiffeurs, les détenteurs de douches et de hammams, des fourniers, des commerçants de l'habillement…, lesquels avaient fait le plein la veille de l'aïd. Partout, les ombres d'une nuit « charnière » écartelée entre deux espaces qui différent, empreignent d'une forte senteur de « romantisme » tellement algérien, ces quelques poussières d'heures filantes vers un autre jour. Autres temps, autres mœurs…Et pourtant, l'on est tenté de dire : c'est drôle ! Les jours peuvent se ressembler, mais aussi peuvent se contredire, s'opposer ou exhiber des symétries, à en croire la théorie des Mondes parallèles. A la première veille annonçant le début du mois du carême, d'aucuns avaient eu cette impression : une fois avoir fait son emplette à la va-vite, à tous les coins de rue, on détale, rideaux baissant, et coups d'accélérateurs pour rejoindre au plus vite son logis ! La fin du Ramadhan, les rideaux grand ouverts, tous lampadaires allumés, les espaces surabondent d'activisme…. l'on préfère, au contraire, rester hors de chez soi !