« L'ouverture du marché national du transport aérien des voyageurs n'est pas à l'ordre du jour, du moins pour le moment. » La déclaration sort de la bouche du premier responsable du secteur en Algérie, Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, lors de son passage hier au Forum hebdomadaire organisé par la télévision. « Il n'y a pas lieu actuellement d'ouvrir ce marché à la concurrence tant qu'il n'est pas suffisamment préparé », a affirmé le ministre en réponse à une question sur le non-agrément de certaines compagnies aériennes privées ayant déposé leur dossier à son département. Voilà une réponse qui devra ravir la seule et unique compagnie nationale, Air Algérie, qui verra ainsi son monopole consolidé et renforcé. Devenue seul maître à bord, après la disparition de sa rivale « privée » Khalifa Airways, la compagnie aérienne nationale a procédé à plusieurs augmentations des prix à la fois pour les lignes extérieures et intérieures. Des augmentations qui ont atteint aujourd'hui des seuils à la limite du supportable. Ce sont aussi des augmentations que ni le marché ni la conjoncture internationale du transport aérien ne justifient. C'est carrément, soulignent certains voyageurs, « une atteinte à la liberté de voyager des Algériens ». Tout en reconnaissant à demi-mot le caractère abusif des augmentations, M. Maghlaoui dira : « Air Algérie doit améliorer sa gestion pour baisser ses coûts », et d'ajouter que s'agissant des lignes in térieures, son ministère est en train de « mettre en place un plan pour revoir tout le dispositif actuel en matière de transport aérien national ». A propos de l'ouverture du capital d'Air Algérie, M. Maghlaoui expliquera qu'aujourd'hui, « l'Etat continue de renforcer Air Algérie » et que « l'ouverture du capital est, pour le moment, inopportune ». La privatisation est beaucoup plus envisagée, ajoute-t-il, « pour les autres segments tels le catering, la maintenance et le cargo ». C'est aussi le cas pour la CNAN, pour qui la privatisation ne touchera, souligne le ministre, que les filiales. D'autres entreprises sont, en revanche, a annoncé le ministre, déjà ouvertes au partenariat à l'instar du port de Béjaïa qui est entré en partenariat pour le traitement des containers. Revenant sur l'état global de son secteur, Mohamed Maghlaoui n'a pas caché la réalité, peu reluisante, des infrastructures réalisées jusque-là. Par les tares dont souffre le secteur, le ministre a cité, entre autres, le retard considérable accusé dans la réalisation des projets importants et prioritaires, le grand écart existant entre le tissu urbain et le réseau routier, la dégradation du service public, l'absence de régulation du marché, la contribution anarchique du secteur privé, le manque de coordination entre les différents secteurs d'activité et la limite des moyens financiers consacrés aux besoins du secteur des transports. Le gouvernement, conscient des dysfonctionnements cités, a mis en place, annonce le ministre, dans le cadre de son programme de développement des infrastructures, « tout un plan pour renforcer et améliorer la performance du transport en Algérie ».