Après huit mois de léthargie, la scène politique commence à connaître un semblant d'activité. Le week-end dernier, de nombreux partis ont réuni leur état-major pour faire le point sur la « situation politique et sociale du pays ». Le débat suscité par le projet d'amnistie générale, annoncé par le président Bouteflika en novembre dernier, a ainsi donné l'occasion à beaucoup de rebondir. Bien que confinée dans des ambiances fermées, cette sortie de l'opposition aura eu l'effet d'entourer d'un élément de doute le discours enjôleur des partis acquis au président Bouteflika. En ce sens, les leaders de l'opposition semblent s'être donné le mot pour concentrer leurs tirs sur la démarche du gouvernement. C'est le cas, en particulier, du Front des forces socialistes (FFS) dont le discours reste particulièrement critique par rapport à la politique d'ensemble de l'Exécutif. La formation présidée par Hocine Aït Ahmed reproche notamment au chef de l'Etat de mettre deux fers au feu et de prôner un libéralisme sans libertés. L'analyse de la situation du FFS est partagée en tout point par le Parti des travailleurs (PT) qui préfère néanmoins fonder sa radicalité politique sur « le rejet des privatisations ». Très peu porté sur la chose économique, le leader du mouvement El Islah (MRN) a, quant à lui, pris l'option de verrouiller le discours de sa formation sur le thème de l'amnistie générale. En ce sens, Abdallah Djaballah s'est déclaré prêt à soutenir le projet présidentiel à la condition, toutefois, qu'il ne profite pas « aux harkis et aux pieds-noirs ». L'autre fait marquant de cette « reprise politique » reste sans conteste le recentrage « historique » annoncé par le Mouvement démocratique et social (MDS), l'héritier du Parti communiste algérien. Célèbre, depuis 1991, pour son refus de prendre part à une élection ouverte à des formations islamistes, le parti de Hachemi Chérif a pris la résolution, en effet, de se réconcilier avec les urnes. Et, surtout, de mettre de côté son principe politique basé sur « la double rupture ». Car ce recentrage ne signifie pas autre chose sinon que le MDS est prêt à s'accommoder de l'Islam politique. Autant d'ailleurs que le RCD a eu à le faire avant lui au milieu des années 1990. Mais, aussi riche soit-il en surprises et en critiques, ce réveil timide de l'opposition n'est pas forcément synonyme de retour. Ayant trop donné l'habitude de réagir de façon occasionnelle et décousue, les formations de l'opposition gagneraient sans doute à occuper davantage le terrain et à investir dans le travail de formation et de structuration. Face à une société en proie au vide, c'est sans doute le meilleur des services qu'elles pourraient rendre.