S'il a été applaudi par nombre d'opérateurs économiques et autres partis de l'alliance et organisations satellites, le changement de week-end décidé à l'issue du dernier Conseil des ministres a pour le moins suscité des commentaires ironiques, voire sarcastiques chez le Front des forces socialistes (FFS). “C'est le vrai théâtre japonais, car les Algériens vont arranger leur calendrier mais pas leur situation”, commente Karim Tabbou, empruntant une formule usitée il y a quelques jours par le ministre de l'Intérieur à propos de l'affaire de l'assassinat des moines de Tibhirine en 1996, revenue au-devant de la scène ces dernières semaines dans l'Hexagone. “Ça peut cacher une demande des milieux de l'argent, lesquels sont puissants dans les institutions et qui ont besoin d'un aménagement. De notre point de vue, c'est un faux débat et une diversion”, soutient-il. Le premier secrétaire du FFS, qui animait un point de presse en marge d'une session extraordinaire du conseil national du parti à Alger, est revenu également sur cette affaire des moines qui a suscité des réactions de beaucoup de dirigeants en France, mais pas en Algérie, hormis celle de Zerhouni enregistrée sur le tard. “Cette affaire soulève encore une fois la question de savoir ce qui s'est réellement passé depuis 1992. Dans ce pays, se pose la question de savoir la vérité. Une fois celle-ci établie, justice doit être faite”, estime Tabbou, reprenant pour l'occasion une vieille revendication du parti. Réputé pour avoir défendu la thèse du “Qui-tue-qui ?”, le FFS a toujours plaidé pour une commission vérité et justice. “Pourquoi ce sont les journalistes qui réagissent, pourquoi ce n'est pas le général de Blida (siège de la Ire Région militaire, ndlr) qui répond ?” s'interroge-t-il. “Il y a un débat qui est posé et qui implique toutes les institutions”, dit-il. “On a célébré l'anniversaire de la mort de Boudiaf il y a quelques jours, mais il n'y avait pas une telle levée de boucliers, car il n'y a pas de militaires (comme le général Buchwalter) qui a parlé”, ironise-t-il. Bref, pour le FFS, autant dans cette affaire que dans celle de Mécili ou encore Khelifa, il y a un “pacte de silence, de complicité entre Paris et Alger”. Consacrée à des questions organiques, la session a été également une occasion pour Tabbou d'évoquer la situation politique nationale marquée par une régression sur tous les plans. “Le processus politique en œuvre dans le pays, dit-il, dans son discours d'ouverture, se rapproche graduellement, dans ses aspects fondamentaux des systèmes autoritaires en place chez nos voisins (…)”. Prédisant “des turbulences sociales”, il appelle la société à sortir de sa léthargie. Karim Kebir