Deux jours avant son décès tragique, notre collaborateur et ami Bachir Rezzoug, nous a fait parvenir cette dernière chronique. Une chronique qui était moins assujetie à la régularité qu'à une sorte d'inspiration dictée par les révoltes de l'auteur contre des événements et les comportements du moment qu'il abhorrait. Pour nos lecteurs ce dernier trait de plume de Bachir Rezzoug, un ultime assaut contre l'anticonformisme ambiant dont il a été l'un des pourfendeurs les plus fidèles. Huit, voire neuf Algériens sur dix disposent d'une parabole collective ou individuelle. Point commun entre tous ces arnaqueurs : ces pseudo-journalistes sont sarkozystes jusqu'au bout des ongles, poujadistes, franchouillards, vichystes, antimusulmans et antiarabes, antirusses. Atavisme d'un anticommunisme primaire, ils n'ont de cesse de nous présenter la Russie comme une puissance qui met en péril les valeurs judéo-chrétiennes de l'Occident. Premier arrivé d'entre eux, Yves Calvi, homme de Cro-Magnon, ourang-outang ou ours mal léché, c'est selon. Premier débat organisé par celui qui s'est fait une coupe de légionnaire pour bien se démarquer : les Templiers. A la troisième semaine, il marque nettement son territoire, le débat de « C'est-à-dire » porte sur, dit-il, la persécution des chrétiens. Invités réguliers de son émission : Vallon, le flagorneur Antoine Sfeir, un Libano-chrétien, son faire-valoir. Que dire de Robert Menard, le patron de Reporters sans frontières, qui se prend pour le chantre de la liberté de la presse et des droits de l'homme ! Il faut rappeler à M. Menard que lorsque nous avons voulu créer une section de Reporters sans frontières à Alger, comme en Belgique, en Suisse ou en Espagne, il s'y est opposé fermement en rétorquant : « Pas question, Alger nous nous en occupons. » Néocolonialisme, quand tu nous tiens ! Robert Menard qui a voulu jouer, lors de la flamme olympique à Paris, à Greenpeace, aurait dû méditer l'analyse de Mélanchon : « Historiquement, le Tibet a toujours été chinois, et n'oublions pas qu'il s'agit là d'un régime théocratique. » Robert Menard est entré en croisade féroce contre la Chine et, dit-il, les droits de l'homme bafoués. Le chômage, les sans-logement, les atteintes régulières aux droits de l'homme dans les banlieues, n'est-ce pas des atteintes caractérisées aux droits de l'homme ? Nombre d'Algériens qui, par le biais d'un oncle, d'un beau-frère ou d'un frère, ont pu se procurer une carte Canal +, subissent chaque jour, dans « Le grand journal », le venin distillé par celui qui tel un vautour, assis sur sa branche, fond sur sa proie pour peu qu'elle soit de gauche et surtout socialiste. Si vous suivez le samedi soir l'émission de Laurent Ruquier « On n'est pas encore couché », vous subirez les affres d'Eric Zemmour, pantin du sarkozysme. Donnons-lui à méditer cette histoire : Videla, Franco, Salazar et De Klerk sont réunis, Eric Zemmour entre en transe, il se rapproche du groupe, De Villiers et Le Pen frémissent de plaisir. L'un des quatre tristes personnages suggère que l'un d'eux raconte l'histoire la plus drôle ; Eric Zemmour, comme à son habitude, ne peut s'empêcher de ressasser : « Moi, je pense que... » ; la compagnie des vautours s'esclaffe. Ils n'ont jamais rien entendu d'aussi drôle. Zemmour à la maison, il ne pense plus, cela fera du bien à tout le monde. Restent les seconds vautours : Elise Lucet, qui cache mal sous sa voix fluette son hypocrisie. Au vingt-heures, elle laisse place à David Pujadas. On sait maintenant ce que veut dire la réforme selon Sarkozy : Lucet, Pujadas, Françoise Laborde sont destinés aux grand-messes sarkosystes. Libération d'Ingrid Betancourt, congrès au grand rassemblement de l'UMP. Quand Ingrid Betancourt a déclaré : « J'ai été libérée grâce à l'armée de mon pays, la Colombie », Pujadas a failli s'étrangler. En ces jours de crise du capitalisme, ils ne savent plus où donner de la tête. Yves Calvi et consorts appellent à la rescousse Elie Cohen ou le sinistre Marc Touati. Un mot sur les programmes de la journée : tôt le matin, c'est avec un certain ravissement que l'on peut suivre l'émission de William Leymergie, pertinent et impertinent, éclectique, son émission « Télématin » est une réussite. Le dimanche, vous n'échapperez pas à Michel Drucker, ce pantin qui se prend pour le gourou des artistes et autres chanteurs, a mis au point la combine : il appelle tout le monde par son prénom. Quand il ne pille pas les archives de l'INA, on imagine aisément en boucle la chanson d'Eddie Mitchell Lèchebottes blues, pour accompagner cet imposteur. Mais qu'est-ce que le sarkosysme ? Serait-il la réincarnation de Napoléon Bonaparte ou une doublure de Berlusconi ? Ce dernier a établi une alliance avec le faschiste de la Ligue du Nord Umberto Bossi et organisé une mainmise sur les médias et une connivence avec les grands financiers. Voilà donc ce qui rapproche Sarko et Berlusconi. Ainsi se profile l'Europe selon Sarkozy. La valetaille de l'UMP qui ne jure que par son maître Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, fait dans la surenchère. Ces derniers jours, nombre de policiers ont provoqué, dans les banlieues, nombre d'accidents, provoquant morts et blessés. Elle s'est empressée, en quelque temps, de déclarer que les policières n'étaient pas responsables. Que dire de Rachida Dati, clypto ministre de la Justice, qui fait plus dans le people que dans un exercice républicain de la justice ! L'élève a dépassé le maître. Rappelez-vous lorsque Yvan Colona a été arrêté, Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'est empressé de déclarer à l'adresse de l'opinion publique : « Nous avons arrêté l'assassin du préfet Erignac », faisant fi de l'indépendance de l'instruction et de la présomption d'innocence. Ainsi va la justice française selon Sarkozy et rachida Dati.