Bachir Rezzoug, journaliste brillant et l'un des doyens de la presse algérienne, décédé mardi à l'âge de 66 ans, a été inhumé hier au cimetière de Dély Ibrahim, à Alger. L'inhumation s'est déroulée en présence d'une foule nombreuse composée de proches et amis du défunt, d'hommes et de femmes de la presse, de la culture et du monde artistique. Etaient également présents des membres du gouvernement, des leaders et représentants de partis politiques et de la société civile, à l'image de Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali et Amara Benyounes.Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a rendu pour sa part un hommage appuyé au défunt, « cette plume du cœur ». Après avoir retracé le parcours de cet « enfant du pays », M. Sidi Saïd a rappelé que « Bachir Rezzoug avait profondément ancré en lui la fibre nationale ». De cet ancrage, ce mineur de fond de la presse « puisait les mots pour dire les pulsions nationales sans jamais rien sacrifier de sa pensée, arrimé à la vérité des faits ». Il savait, écrit le secrétaire général de la centrale syndicale, « faire du rêche de nos bleus de travail des tenues délicates dans ce subtil alliage que seule l'élégance de l'impertinence du dire vrai rend noble ». « En cela, Bachir était un travailleur exemplaire, une plume de cœur et la plume du cœur » qui savait tirer de « ses blessures d'adolescent le sens des mots ». Dans un communiqué rendu public hier, le club des journalistes algériens et franco-algériens en France s'est dit très triste de cette grande perte. « Certains d'entre nous l'ont côtoyé et se réclament ses élèves : ils ont appris à son contact, le métier, la rigueur, l'honnêteté intellectuelle et le combat pour la liberté d'opinion et d'expression. A ceux qui ne l'ont pas connu parce que trop jeunes, Bachir Rezzoug s'est aussi imposé comme l'exemple à suivre pour ne pas lâcher le combat de la probité intellectuelle et du journalisme de talent », indiquent les membres de ce club dans leur communiqué. Natif de Theniet El Had (Tiaret), le défunt s'était engagé très jeune dans le combat libérateur aux côtés de son valeureux père, chahid de la Révolution, avec qui il avait d'ailleurs partagé une cellule dans les geôles coloniales. Il avait commencé très jeune sa longue carrière de journaliste juste après l'indépendance au quotidien d'alors Alger ce soir. Les pérégrinations journalistiques l'avaient mené dans nombre de titres notamment à Révolution Africaine et à El Moudjahid avant d'être nommé au début des années 1970 en qualité de directeur du journal La République. Avec une équipe-choc de talentueux journalistes, il avait hissé ce journal au rang de premier quotidien national. Après l'ouverture du champ médiatique au début des années 1990, Bachir Rezzoug n'a négligé aucun combat pour la démocratie.