Les importantes chutes de pluie enregistrées dans la nuit de mercredi à jeudi dans la wilaya de Aïn Defla ont provoqué des crues au niveau de l'oued Guergour, situé sur les hauteurs du Zaccar, causé la mort de 6 personnes et plusieurs autres blessées graves parmi la population de Aïn Torki relevant de la daïra de Hammam Righa. Aïn Torki (Aïn Defla). De notre correspondante Le bulletin spécial émis par les services d'Algérie Météo mardi dernier, prévoyant une activité pluvio-orageuse dans plusieurs wilayas, y compris celle de Aïn Defla, et la tragédie encore d'actualité vécue par la population de Ghardaïa n'ont pas créé le déclic salvateur chez les pouvoirs publics qui n'ont pas réagi à temps pour limiter les dégâts. La population de la commune de Aïn Torki (nord-est du chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla), particulièrement celle des zones situées au piémont du Zaccar, a vécu les pires moments jamais enregistrés depuis quatre décennies, selon des témoignages recueillis au lendemain de la catastrophe. En effet, en l'espace de quelques minutes, dans la nuit de mercredi à jeudi, tout a basculé dans l'horreur. Des blocs énormes, arrachés de la montagne, ont été emportés avec des bruits assourdissants par la crue de l'oued Guergour. Les eaux boueuses, noirâtres, ont transformé les lieux en paysage apocalyptique. Le bilan arrêté par les services de sécurité et la Protection civile est de 6 morts, 8 blessés et des maisons détruites. Signalons que cette zone est soumise en permanence aux intempéries en cette période de l'année, tout comme la saison écoulée. Les services de la Protection civile avaient enregistré la mort d'une personne à Oued Rihane, sur l'autre versant relevant de la daïra de Miliana et une autre victime, mère de famille, avait été emportée par les eaux de l'oued Namous, dans la commune de Aïn Torki. Ces intempéries avaient en outre causé des dégâts importants et endommagé de nombreuses structures relevant des travaux publics, suscitant alors la colère des habitants de cette commune située en altitude. Avant-hier, une foule nombreuse et digne a accompagné les victimes à leur dernière demeure tandis que les pelleteuses et plusieurs engins continuaient les travaux de déblaiement, particulièrement au niveau de l'artère principale récemment goudronnée et à présent fortement endommagée et envahie par des eaux noirâtres des entrailles du Zaccar riche en minerai. On pouvait voir les cadavres d'ovins. Des riverains nous ont signalé la perte de plusieurs têtes de bétail. Sur place, l'heure est à la mobilisation. Des Chinois, conducteurs d'engins empruntés aux chantiers de l'autoroute Est-Ouest, l'armée et les représentants de plusieurs secteurs participaient à des opérations de différentes natures, sous l'œil vigilant du chef de l'exécutif entouré d'un important dispositif de sécurité. Dans une déclaration à El Watan, le wali a rappelé que les programmes d'aide à l'habitat rural en cours permettront aux populations déplacées de retourner vers leur lieu d'origine, ajoutant que ce type de catastrophe est la conséquence du déboisement, œuvre de citoyens irresponsables. Le directeur des travaux publics abondera dans le même sens en affirmant que l'érosion, favorisée par la déforestation, menace les riverains et l'environnement, à l'heure des changements climatiques. Le responsable a invité toute la société à se mobiliser pour préserver le patrimoine forestier. Pour leur part, des citoyens rencontrés sur le site évoquent la difficulté d'accéder aux aides à l'habitat rural. L'un d'eux, ayant atterri dans les lieux car fuyant le terrorisme, espère en bénéficier pour améliorer ses conditions d'habitat, tout excluant le retour dans son ancien douar. Quant à cette Milianaise venue présenter ses condoléances aux familles, elle tiendra pour responsable les pouvoirs publics incapables, selon elle, d'entretenir en permanence les structures de drainage, notamment les gouttières pluviales. Enfin, signalons le SOS de citoyens inquiets devant les dégradations constatées au niveau du Zaccar à cause du pillage des roches (carrières sauvages, utilisation du bois et charbonnières) qui menacent l'équilibre écologique de toute la région, jadis véritable trésor naturel.