L'image que nous renvoie la furie des eaux qui a déferlé sur la pentapole du M'zab et sa périphérie, générant des pertes humaines et des dégâts matériels, n'est pas sans nous rappeler les flots qui se sont abattus sur Alger, notamment à Bab el Oued, quartier envahi littéralement par les eaux boueuses, un certain 10 novembre 2001. Le 26 novembre 2007, presque le même scénario se répéta : de violentes précipitations charriant, à partir des hauteurs d'Alger, des tonnes de gadoue, d'éboulis de gravats et de rocaille qui auraient pu être évités s'il y avait des ouvrages hydrauliques, une ceinture de gabions, voire un drainage approprié de part et d'autre des versants à même d'atténuer le grondement de dame nature. Dieu merci, car le désastre aurait pu être pire sur les rives de l'oued de Ghardaïa n'était certaines digues réalisées en amont qui auraient freiné, apprend-on, les torrents. Au-delà du « mektoub », argument échappatoire qui a bon dos, des compagnies d'assurance-vie proposant leurs prestations pour les potentiels sinistres et du plan Orsec qui se voit, à chaque fois, pris de court, la leçon n'est toujours pas retenue. Ce qui anime notre humble propos et nous rappelle l'évidence concernant le drame qui a frappé cette oasis située à 600 bornes de la capitale, ce sont les constructions illicites, parfois érigées avec la bénédiction des autorités locales dans certains lits d'oued… On a beau dire et ressasser à l'envi le danger que courent les squatters des lits d'oued. Les exemples ne sont pas rares aussi bien à l'intérieur du pays que dans les grandes mégapoles traversées par les bassins versants. Que cela soit à Ghardaïa, Oran, Annaba, Constantine ou Alger, nous nous aventurons à braver le péril en occupant inconscieusement des sols à hauts risques. Il s'agit, en effet, de ces territoires de fortune que l'on croit asséchés et sur lesquels des maisons sont élevées en dur comme en pisé au vu et au su des pouvoirs publics. Une virée du côté ouest de la capitale, précisément le long des oued Zeghra, oued Beauséjour, oued Sidi El Kebir, les Oiseaux (La Vigie ), oued des Deux Moulins et Baïnem, nous renseigne sur la menace permanente qui pèse sur les « indus locataires » qui n'ont cure de squatter les lits de certains affluents. N'est-ce pas que la nature reprend ses droits et qu'un oued dormant peut renouer à n'importe quel moment, de jour comme de nuit, avec son cours d'eau ? A méditer.