Je suis victime de toutes les catastrophes qui ont secoué notre commune, de l'attentat terroriste de 1996 à celui du 28 janvier dernier en passant par le séisme de mai 2003. J'ai perdu tous mes biens mais l'Etat refuse de reconnaître mon statut de victime du terrorisme et de m'indemniser pour les dégâts et les pertes que j'ai subis », crie un commerçant de la ville de Thénia, dont le local a été sérieusement touché par l'attentat-suicide qui a ciblé, le 28 janvier dernier, le siège du commissariat. Neuf mois après, ce dernier, propriétaire d'un commerce en ville, n'est pas le seul à décrier la prise en charge des sinistrés. Les locaux commerciaux faisant face au commissariat de l'ex-Ménerville restent toujours fermés « faute d'indemnisation et d'un soutien de la part de l'Etat ». Les deux bâtisses à proximité du commissariat attendent toujours d'être démolies. Les familles qui y habitaient ont été relogées provisoirement à Ouled Moussa, en attendant la réhabilitation de leurs maisons touchées par l'explosion. Les citoyens, qui disent avoir constitué des dossiers pour les aides, sont déçus : les engagements pris par l'Etat ne sont pas honorés. « Nous sommes réduits au chômage et personne ne s'inquiète pour notre situation. Le président de l'APC ne peut rien faire pour nous et le chef de daïra nous trouve riches », assène Samir, propriétaire d'un local commercial faisant face au commissariat du chef-lieu. D'autres citoyens se plaignent des retards enregistrés dans les travaux de restauration du bureau de poste. « Notre commune n'a pas de bureau de poste depuis neuf mois », déplorent-ils. A Naciria, une ville secouée elle aussi par un attentat kamikaze le 2 janvier 2008, les sinistrés rencontrés se disent « las d'attendre les promesses d'un ministre, réputé plus pour ses promesses que par sa solidarité ». Là aussi, les familles sinistrées, au nombre de 18, n'ont toujours pas rejoint leurs maisons. La villa (R+1) faisant face au commissariat est en ruine. Pourtant, lors de sa visite dans la commune, il y a près de quatre mois, le wali avait insisté sur « la nécessité de sa démolition afin d'entamer les travaux de reconstruction » ; il s'était engagé à affecter l'enveloppe financière nécessaire à l'opération. Bien que son propriétaire affirme qu'il vient de recevoir 8 millions de dinars d'aide, la bâtisse offre toujours une image apocalyptique. Le propriétaire estime que l'aide est insuffisante vu les pertes subies. Cependant, l'APC lui a adressé une mise en demeure le sommant de démolir la bâtisse. Les propriétaires des autres villas touchées affirment « n'avoir bénéficié que de 152 millions de centimes et ce, après un retard de neuf mois ». « La somme suffit à peine pour refaire les fenêtres et les portes. On nous a tout promis : des indemnisations, une prise en charge psychologique et des bus pour le ramassage scolaire, mais aucune suite pour le moment », déplorent-ils en soulignant que l'Etat les a abandonnés et oubliés. A souligner que la législation ne prévoit pas l'indemnisation des commerçants sinistrés dans des cas pareils. Cependant, les pouvoirs publics leur avaient promis d'examiner leurs situations dans la perspective d'une prise en en charge dans le cadre de la solidarité nationale. Ce qui « tarde à se concrétiser ».