Fortement escarpé, ce douar de 700 personnes garde les stigmates d'un sous-développement manifeste que les dernières pluies n'ont fait que raviver. Construit depuis la nuit des temps sur un mamelon difforme et accidenté, ce vieux hameau dépendra successivement de la commune mixte de Clinchant, qui deviendra El Matmar, pour passer ensuite sous la coupe de Ouled Maala avant d'être versé à la commune de Mansourah qui ne doit son émancipation qu'à la faveur de l'érection d'un village socialiste. Les anciennes pistes que la furie des eaux a complètement défoncées, isolant davantage quelques habitations, témoignent encore de l'écartèlement administratif qui caractérise cette agglomération rurale. Elles mènent tantôt vers El Matmar, tantôt vers Bouguirat que des fellahs assurent pratiquer encore de nos jours, dénotant une curieuse proximité que seule l'appartenance de la région à la première agglomération de Relizane, qui du temps des premières années de la colonisation s'étendait jusqu'à Bouguirat. Ce découpage approximatif aura de fâcheuses conséquences sur cette bourgade, dont les stigmates sont encore vivaces. Bien que représentée par 3 élus au niveau de l'APC, la localité est dépourvue de tout. A Zaïmia, il n'y a ni école primaire, ni a fortiori de CEM. Pour les écoliers, il faut faire 4 km à travers champs pour rejoindre leurs classes. Mais le plus curieux est que les collégiens, au lieu d'aller vers Mansourah - distante de seulement 5 km -, ont été orientés sur le CEM de Ennaro, qui dépend de la daïra de Aïn Tédelès. Lorsqu'ils ont la chance d'atteindre le secondaire, les adolescents seront inscrits au lycée de Mesra, qu'ils rejoignent en passant par Mansourah, le chef-lieu de commune. A aucun moment de leur scolarité mouvementée, les natifs de Zaïmia n'auront la chance, ne serait-ce qu'une fois dans leur vie, d'aller en classe à l'école du village. Car elle n'a jamais existé. Ce sont ces écoliers de l'errance, devenus adolescents, qui, au matin du 21 décembre, se réuniront avec leurs parents devant la mosquée pour aller, à bord de deux camionnettes, occuper le siège de la mairie de Mansourah, d'où ils seront chassés par la force, après des heures de conciliabules avec les responsables. Ni l'usage des bombes lacrymogènes ni l'arrestation de 6 jeunes ne parviendront à les calmer. Si bien que le lendemain, ils reviendront à la charge pour exprimer leur ras-le-bol et exiger que le wali vienne constater l'état de délabrement de leur douar. Accusant le maire de tous les maux, ils ne comprennent pas pourquoi le puits dont le forage est réceptionné depuis juillet dernier continue de garder son eau. Avec un débit estimé à 15 litres/seconde, il n'attend que le branchement de l'électricité pour un montant de 1 milliard (sur une distance de 950 m) et la mise en place des canalisations (sur moins de 800 m), pour que le douar soit enfin alimenté en AEP. Les habitants nous signalent qu'un premier forage avait été endommagé en 2002 suite à l'intervention d'un employé de la DHW. De passage dans le douar, l'ancien wali avait ordonné l'affectation d'une citerne tractée en attendant la mise en service du puits. Depuis les émeutes de lundi dernier qui feront 8 blessés dont un gendarme, le maire assure l'alimentation du douar par 2 citernes/jour. Ce qui offrira à la population moins de 10 litres par habitant. Le P/APC de Mansourah estime avoir fait le maximum envers ce douar dont sont originaires pas moins de 3 élus, soulignera-t-il. En attendant le verdict que prononcera le tribunal de Aïn Tédelès envers les 6 jeunes interpellés en flagrant délit, les habitants sont dans l'attente d'une visite du wali. Quant au maire qu'ils disent avoir élu, tout en l'accablant de tous les maux, ils n'en attendent plus rien et réclament son départ.